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Histoire vraie de l'homme noir
4 avril 2018

UN BREF D'HISTOIRE DE FAÇON GÉNÉRALE

 

 

 

Un royaume de 600 ans

Le Royaume Bantou de Loango est un royaume d’Afrique centrale, qui a existé du xve siècle au xixe siècle sur un territoire maintenant partagé entre Cabinda (Angola), la République du Congo, la République démocratique du Congo et le Gabon. C’est une monarchie, mais à l’inverse des monarchies européennes le pouvoir n’est pas héréditaire de père en fils. Le souverain est remplacé après sa mort par un neveu issu de deux familles régnantes (Kondi et N’Kata) parce que c’est le matriarcat, et celui-ci doit être élu par une assemblée de dignitaires (Ma Mboma Si Lwangu) pour devenir le nouveau monarque tout en suivant une initiation mystique très poussée pour être appelé Mâ Loango.

Le sang royal maternel

 Le clan s’hérite de la mère et non du père dans les tribus ou les ethnies matrilinéaires. L’organisation institutionnelle du royaume de Loango est globalement la suivante : succession matrilinéaire, choix du nouveau souverain par les Chefs de clan royal «Tchimongo-Lumbu-Tchinkondi », agréé par un Conseil de Nobles (fumu si), autorisation des dieux du royaume (bakisi si), voyage de couronnement qui dure sept ans, canne sculptée (« buta matali »), caractère divin du personnage royal, le chapeau en raphia « ngundu », bracelets, etc. En effet, au royaume Loango la succession au trône est matrilinéaire. C’est-à-dire qu’en règle générale, les rois ne transmettent pas le trône à leurs propres fils mais plutôt à leurs neveux, fils de leurs sœurs. Dans la succession matrilinéaire, le pouvoir ne se transmet pas de père en fils mais plutôt d’oncle à Neveux (Si Fumu), nés de ses sœurs utérines (Si Fumu si Tcheto). Le titre de Nimi Lukéni (roi) passait de l’oncle au neveu car on disait qu’on n’était pas sûr que le fils soit bien le vôtre tandis qu’on était certain que le neveu était bien de votre sang. 


Un roi sacré, assisté de sa mère et de sa soeur

 La personne du roi est sacrée et entourée d’un rituel complexe. La reine mère et la sœur du roi jouent un rôle important car la succession est matrilinéaire. Le pouvoir absolu du roi est tempéré par un conseil de notables qui sont des chefs locaux détenteurs des terres de leurs ancêtres. Ils assurent la pérennité et la prospérité par leur rôle d’intermédiaire et de conciliateur entre les vivants et les morts. 


Une civilisation urbaine

Le géographe et humaniste hollandais Olfert Dapperpublie en 1668 une « Description de l’Afrique » à partir des informations qu’il a pu recueillir à son époque. Son travail de synthèse fait référence, même si certaines informations doivent être considérées avec prudence, car il n’aurait jamais mis lui-même les pieds sur le continent africain !

Cet ouvrage présente notamment une vue impressionnante de la cité de Loango. La localité est comparée à de grandes villes européennes, elle serait d’une taille équivalente à la ville de Rouen. D’autres témoins de l’époque modèrent le propos mais considèrent quand même que la cité comporte des « milliers de cases ». Il s’agit de la capitale administrative du royaume de Loango avec tous les bâtiments royaux et officiels, donc de « Bwali », assimilable aujourd’hui à Diosso (appellation datant d’environ 1850). 


ORIGINES KONGO

Lisolo (Histoire)

Le royaume Kongo s'étendait du Gabon, Congo Brazzaville, Congo Kinshaa, Cabinda jusqu'en Angola. Il comprenait six provinces : Mbamba, Soyo, Mpangu, Mbata et Mpemba. Les premiers ancêtres Nkengi Lufuma et Nzala Mpandu eurent douze enfants : Lukengo, Mulangu, Nkombo, Kanioka, Ndinda, Kana, Kinbu, Ngombe, Kalombo, Mulambi, Madionga, lubaki. Ils étaient de grande taille et habitaient le nord de l'Ethiopie. La tradition apprend que Nimi et Nzinga Nkuwu avaient trois enfants qui sont les souches de clans kongo : Nsaku, Mpanzu, N'zinga.

Le clan Nsaku, Représentait la sagesse, le spirituel et la justice

Le clan Mpanzu, Représentait la science, l'artisanat et la métallurgie. Grâce à lui les membres du clan ne manquaient d'outils pour la guerre et le travail.

Le clan Nzinga, Représentait le pouvoir, la politique.

Ne Mbemba Zulu fut intronisé vers 220, comme prophète et guide du peuple kongo, il le fit sortir de l'Egypte. Vers 320, mama Mbangala fut leur guide. A sa mort, Ne Nsansukulu-a-Kanda qu'on appella aussi Nimi-a- Lukeni amena les ne-kongo au bord du fleuve kunene où ils construisirent un premier foyer :"Kongo dia mpangala nzudu tadi", Kimpemba sera la capitale. Vers 424, Ne kodi Puangu, Ne Lunda Makanda et Ne Madiangu ma Zulu, emmenèrent le peuple pour construire un second foyer : "Kongo diamulaza", Kahemba puis Feshi en fut les chefferies.

Un trosième foyer fut construit vers 529 : "Kongo dia luangu" dont Zimba fut la chefferie sous l'autorité de Ne Tuti dia Tiya. Puis vers 690, le peuple fut conduit par Na Kulunsi et mama Lemba, une femme visionnaire, jusqu'au mont Kongo dia ntotela. Là où Ne Nkembo wa Monesua et des prêtres réçurent les lois pour le peuple kongo. Là, ils fondèrent "Kongo dia ntotela". Plusieurs rois se sont succèdés jusqu'à l'arrivée des portugais : Mnabi Mayidi, Zanga Mowa, Mbala Lukeni. ce dernier mena des campagnes pour agrandir le royaume. Mbama Bokota, Ngongo Masaki, Nzinga Sengele, Kalunga Punu, Nkanga Malanda, Nkulu Kiangala, Ngunu Kisama, Mandiangu Vu, dont le comportement deplu à Dieu, la disette frappa le pays.

Mbuta Kimosi se leva comme prophète pour combattre les mauvaises habitudes et les malédictions. Le roi Nanga Katanga ramena le Ba-Kongo vers le chemin de la justice et de la richesse. Puis il eut les rois Ntende Kbinda, Muabi kunene, Mbamba Muzombo et Woyo Mpangala. Le prophète Mbuta Kutumi se léva pour stabiliser le pays, car les troubles revenaient dans le pays. Ont suivi : les rois Mutende Ngidi, Nanga Mutombo, Nzinga Nuzoma, Ne Funza, Ne Muanda Munana, Naga Makaba, Nkanga Nimi, Nkuwu Mutini, Nzinga Nkuwu. En 1457, un prophète se léva pour prophétiser l'arrivée de l'homme blanc.

La rencontre avec l'occident (en 1480) sera fatale pour le Kongo. A son arrivée Diego Cao a trouvé un royaume prospère et bien organisé. Ies missionnaires qui accompagnaient cette expédition furent étonnés de trouver un peuple dont la culture est proche de la culture hébraïque avec douze tribus...

Le roi sera baptisé le 03/05/1491 sous le nom de Ndo-Nzwawu. Ainsi le kongo est devenu le premier territoire chrétien éloigné de l'europe. Avec le baptème du roi, les portugais espéraient avoir de l'emprise sur le royaume. Les relations se sont refroidies jusqu'à sa mort, tué par un portugais. Son frère Mvemba Lukeni lui succèda, envoya son fils au portugal et devint le premier évêque africain de l'histoire de l'Eglise. Mbanza Kongo devient San Salvador.

Les décenies qui ont suivies, l'emprire tomba dans la spirale de la traite des esclaves. Sous cette pression coloniale, le roi perd sonemprise sur l'emprire. Celle-ci se disloqua, chaque province sous tutelle portugaise ou anglaise cherchait son indépendance. Les européens profitèrent de cette situation pour prélever encore plus d'esclaves. La province de Ngola va proclamer son indépendance , d'où la naissance de l'Angola, puis les provinces de Loango, de Ngoyo et du Kakongo. La prophètesse Kimpa Vita tentera de réunifier le pays, en denonçant toutes ces pratiques. Elle sera brulée vive. La division complète du royaume sera décidée entre le Portugal, la France et la Belgique. Ainsi, le Bakongo ont perdu tous leurs acquis. La culture kongo a subi un vrai lavage jusqu'au réniement de son identité

STRUCTURE SOCIALE

Les ‘bantandu’ ont une structure sociale qui ne diffère pas de la structure sociale Kongo. On a les mêmes éléments constitutifs de la société chez tous les ‘Ne-kongo’. Tout l'univers social est déterminé par le rapport de la génitrice et de l'engendré. Ce rapport apparaît multiple dans ses implications, cependant simple dans son principe, tant qu'il est soutenu, à chaque clivage, par une seule et même constante le lien ombilical, le sang, le lien avec la mère. Dans cette vision, on considère que seule la mère transmet le sang à l'enfant par son cordon ombilical ; l'enfant est en effet lié à sa mère qu'à son père qui ne lui transmet que le souffle de vie. L'individu est déjà existant naturellement dans la mère, le père n'y intervient que pour extérioriser et rendre cette existence réelle, la socialiser.

De la mère, l'individu reçoit le pouvoir, l'héritage, les puissances occultes, l'appartenance à la famille. Le père est donc le tuteur jusqu'à l'autonomie de l'enfant au courant de laquelle il demeurera sous l'autorité de son oncle, le frère de la mère, de qui il peut tout hériter. Le père s'en remet aux fils de ses sœurs. Cela n'empêche pas que le père, autant que la mère soient élevés au rang des divinités terrestres.

La tribu "ntandu" est assez récente par rapport aux tribus initiales du royaume Kongo, son existence en tant qu'entité tribale, caractérisée par ce nom, remonte définitivement à l'époque coloniale. Fortement christianisée dès le départ, bon gré malgré.

Dans cette perspective, la société "ntandu" a évolué très tôt dans un mélange culturel. L'effritement de la société traditionnelle a évolué relativement au développement d'une stratification sociale moderne coloniale. A la structure traditionnelle faite de clan, lignage, ventre, ménage, s’oppose l’organisation coloniale composée des districts, des territoires, des chefferies, des secteurs et des groupements.

Structure traditionnelle

* le clan (luvila) : qui est un espace théorique d'appartenance familiale. C'est l'entité de base qui rassemble toutes les personnes tant mortes que vivantes ou à naître, dans une filiation matrilinéaire depuis les origines mythologiques Kongo (clan famille). Ainsi, cette espace définit, toute personne s'y réclamant forme et partage une même vie avec tous les autres membres même s'ils ne vivent pas ensemble, ou en un même lieu (clan affilié).Le clan leur donne un cadre d'appartenance et une référence identitaire, individualisé et distingué par un nom. Avoir un même nom de clan (pour des personnes qui ne se reconnaissent pas à priori de même famille) implique une appartenance à une seule et même souche, une même mère génitrice en amont dans le "ntuka Kongo"; dans l'imaginaire "ntandu" (comme chez tout Ne-Kongo), le lien clanique ne se brise jamais.

Le clan se reconnaît à travers la terre (n'toto) qui est le bien de toute la communauté et qui représente à la fois le fondement et l'expression de la présence à la communauté. La terre, le territoire est une véritable matrice dans la culture "ntandu", sacrée et inaliénable, elle définit l'origine du clan et le lieu pour la vie (le travail et l'habitat). Un clan sans terre est obligé de vivre et travailler sur les terres d'emprunt, il est réduit à "l'esclavage". La terre reste un bien de tout membre du clan et pour éviter toute aliénation par un tiers, on établi un code, un tabou ou interdit (bi kandu) que tout membre du clan doit observer rigoureusement. Cependant, l'État congolais est le propriétaire exclusif de la terre, les clans n'en sont que des usufruitiers. Il faut noter que l'impact cette nue-propriété de l'État n'a réellement d'effets qu'en territoires urbains, dans les milieux ruraux les chefs de clans conservent plutôt les manières anciennes.

En cas de conflit grave qui entraine la séparation dans le clan, et le partage de la terre, on plante, généralement, sur la ligne imaginaire qui marque la séparation, un arbre "n'sanda", sur lequel on cloue, parfois, des casseroles pour signifier que la séparation est à la fois diurne (séparation pour toute activité sociale au jour) et nocturne (séparation pour toute activité liée à la sorcellerie).

De même chaque clan doit avoir un discours d'identification, une parade ("ndumbululu"), transmis de génération en génération, que l'on proclame avec fierté, autorité et orgueil dans un langage rythmé (avec des clameurs), rappelant la conscience historique du clan, ainsi que son enracinement.

Au sein du clan (luvila), on trouve :

* Le lignage (kanda) : regroupe les personnes se référant à un même ancêtre, tellement qu'il est éloigné qu'il ne peut servir de référence pour organiser et gérer des relations d'assistance réciproque obligatoires.

* Le ventre (kivumu) (le matrilignage) : regroupe les personnes se référant à un même ancêtre au sein du lignage, et partageant une vie commune, où la solidarité affective est obligatoire et réciproque.

* La mère (nguli) : qui est un groupement de personnes autour d'un ancêtre direct et d'un aîné vivant et responsable.

* Le ménage (nzo) : qui est le plus petit niveau de groupement du clan. C'est l'unité résidentielle qui regroupe les personnes qui ne sont pas forcément de même mère, ni de même lignage, ni de même clan, mais sous l’autorité masculine (d'un père).

N'oublions pas que le père ne fait pas partie de ce fonctionnement, la société ‘ntandu’ et kongo étant matrilinéaire.

On parle des ménages (au pluriel) quand il s'agit d’une polygamie. La polyandrie n'existe pas, du moins elle n'est autorisée. Les femmes n'ont pas le droit et ne peuvent pas avoir plusieurs maris. A l’intérieur de ces structures, l’individu « ntandu » se définit comme :

* La grand mère maternelle et le grand oncle (nkaka go bankaka)et leurs cousins germains maternels (la maman de maman, ses frères et sœurs, et leurs cousins maternels). Les grands oncles dans ce cas sont définis comme grand mères masculines.

* L’oncle (ngwa nkasi) et la tente maternelle (mama mbuta go mama n'leki) : frère et sœur de la mère. Ils sont tous des mères. L'oncle est dans ce cas sont des mères masculines.

* L'enfant aîné, (mwana ntete)

* L'enfant du milieu, (mwana go bana ba kati)

* L'enfant cadet, (mwana nsuka)

* Le neveu et nièce (mwana nkasi go bana ba nkasi): fils et fille de la sœur et cousine matrilatérale.

* Le petit fils et petite fille (n'tekolo go batekolo) : fils et fille des nièces matrilatérales.

* Le petit petit fils et la petite petite fille (n'tekololo): fils et fille des petites nièces matrilatérales

On parle aussi de :

* L'enfant engendré ou l'enfant de dos (mwana mina): l'enfant né du père, fils ou fille de la "mère de", du "ventre de", du "lignage de", du "clan de". C'est l'enfant lié par le sang au clan. Tous ceux qui appartiennent au "clan" du père sont des "pères", donc les tentes paternelles sont des "pères féminins".

* L'enfant de la maison ou l'enfant du village (ou vulgairement L'homme d'achat) (muntu nsumba): c’est le dépendant, celui qui est entré dans la famille parce qu'il a été vendu par sa propre famille suite à une faute grave contre les us et coutumes de son clan, une dette non payée, une parole non tenue ou un méfait... C'est l'esclave du clan, rien à voir avec la funeste pratique esclavagiste orchestrée par les occidentaux.

L'enfant du village est une personne sans conditions, sans droit mais libre dans ses mouvements. Cette situation d'enfant du village se transmet en descendance matrilinéaire, et étant esclave, l'individu ne peut obtenir sa libération que par un procédé juridique de libération "lutawuku" qui consiste en un rituel spécial de recouvrement des libertés accompagné d'un dédommagement.

La notion de cousin est inexistante car le cousin maternel est autant frère et sœur que le frère et sœur utérins. Cependant, il est "frère ou sœur, fils ou fille de la tente maternelle". Le cousin et cousine paternels sont comme les tentes paternelles des "pères" ou "père féminins" Cette parenté instaure des relations très chaleureuses, une forte solidarité matérielle et spirituelle; elle assure la cohésion des villages et a valeur exemplaire. Chaque membre du clan se voit comme un maillon du chaînon clanique et porte en lui une partie de l'âme du clan depuis l'ancêtre mythologique de "ntuka kongo".

Les anciens jouissent d'une attention et d'un respect particuliers qui les placent à un échelon élevé de la société. Ils sont censés être investis d'une sagesse, de par leur longévité et leur expérience, leur permettant d'apporter des solutions aux multiples problèmes sociaux. Ils sont les garants de la tradition, la mémoire du clan, des bibliothèques vivants : un vieux qui meure est une bibliothèque qui se croule.

La salutation entre deux individus, au sein comme à l'extérieur du clan, se fait en un geste de génuflexion (légèrement) en se serrant la main. Le battement des mains est la salutation prévue au moment des palabres. Le battement des mains accompagné d’un geste de génuflexion légère est aussi un signe de respect quand on reçoit un cadeau d’un plus âgé.

De même quand on se réuni pour discuter, pour débattre ou pour juger un différent, en générale, sous l'arbre à palabre, on se tient assis en rond, avec du vin de palme. On écoute, sans interrompre celui qui parle. On demande ou on cède la parole par un battement des mains.

En dehors du cadre clanique, il y a des relations qui sont privilégiées, celles des alliances matrimoniales. Leurs contributions à l'agrandissement du clan sont conséquentes.

* Les beaux parents, (n'zitu, ba zitu) ;

* Les beaux frères et les belles sœurs, (nzadi, ba nzadi) ;

* Les gendres (nkwesi)

Ils ne font pas partie du clan "luvila", mais sont toujours informés et conviés à tout événement de la famille, du clan (1).

Mfumu (seigneur, maître ou prince),

Ndona (maîtresse ou princesse) ou

Mwana (fils ou filles)

Chez les bantandu comme chez le Ne Kongo, la société est entièrement structurée par les relations de parenté, qui se prennent dans la lignée de la mère (de qui vient le sang et le lait). Chaque individu pour se situer par rapport aux autres se définit par son clan (luvila), son lignage (kanda), sa famille (kivumu).

On est donc Mfumu (pour un homme)(seigneur,maître ou prince), Ndona (pour une femme) (maîtresse ou princesse) du Luvila, kanda ou Kivumu de sa maman En effet, l'on considère que l'individu existe naturellement dans la mère, le papa n'intervient que pour rendre cette existence effective, pour la socialiser. Par conséquent, l'on est Mwana (fils) du luvila de son père. La maman et le papa sont foncièrement Ndona et Mfumu dans le luvila (le clan) de leurs mères respectives et mwana dans le luvila de leurs pères respectifs.

Sont Mfumu (pour l’homme), Ndona (pour la femme) tous ceux appartenant au même clan, ceux qui ont conscience d'avoir le même sang à partir d'un même ancêtre commun :

Mes frères et sœurs de même mère ;

Les enfants (filles et garçons) de mes sœurs (mes neveux et nièces) ;

Les frères et sœurs de ma mère (qui sont de même mère que ma mère) (mes oncles et mes tantes maternelles) ;

Les enfants (filles et garçons) des sœurs de ma mère (qui sont de même mère que ma mère)

On est mwana (pour l’homme (fils) comme pour la femme (fille)) de luvila de son papa (de tous ceux qui appartiennent au luvila de papa) :

tous les frères et sœurs de même mère que papa

tous les enfants (filles et garçons) des sœurs de papa (qui sont de même mère)

tous les enfants (filles et garçons) des filles des sœurs de papa (qui sont de même mère).

du luvila de la maman de papa

Par contre on est n'tekolo (petit fils, petite fille)

du luvila du papa de maman

du luvila du papa de papa.

Et ntekololo (petit-petit fils ou petite-petite-fille) du luvila où papa et maman sont des batekolo c'est-à-dire du luvila de papa de papa de maman et du luvila de papa de papa de papa.

Mfumu, Ndona ou Mwana

Ba Ne Kongo, ye ku beto bantandu mpi, mwana ku kanda di mama ka kwendanga ntete. Konso muntu ka kitendula ntete nde guna muna kanda di mama, kadi ku mama muntu katambula moyo. Idina kuna luvila lu mama tutambula ki MFUMU (mwana yakala) ye ki Ndona (mwana n’kento). Kadi muntu ukala ntete muna kivumu ki mama, tata ukwisanga kaka mu ku tundula kimuntu kina. Idina ku luvila lu tata, tutambula ki MWANA. Idina guna Mfumu, Ndona ku kanda (ki mama) ye Mwana ku ki tata. Bena ba Mfumu, Ndona babo bakizaya nde bena luvila lu mosi (kanda di mosi) bonso :

bampangi (ba bakento go ba bakala) babutukidi mama mosi bana ba mama n'leki ye ba mama mbuta (ba mbangi ba butukidi ye mama ngudi mosi) bana (ba kento ye bakala) babutukidi ku ba mpangi bamu ba bakento, tubutukidi ye bau mama mosi.

bana (ba kento ye bakala) babutukidi ku bana (babakento), bana ba butukidi ku ba mama n'leki go mama mbuta babutuka ngudi mosi ye mama.

Bena bana (Mwana) ba luna ye bau kitata kimosi. bana (ba kento ye bakala) ba bambangi ba tata, babutuka ye bau ngudi mosi bampangi (ba kento ye bakala) ba tata, ba babutuka ye bau ngudi mosi bana (ba bakento ye ba bakala) ba bana (ba bakento) ba tata...

Tata ye mama bena Mfumu, Ndona muna makanda mau ye bena mpi bana ku kitata kiau. Mwana butukidi ku tata ye mama una N’TEKOLO ku kitata ki tata, ye ku kitata ki mama ye bnana ba batekolo lu kanda bena NTEKOLOLO zi kanda ye bena mpi NTEKOLOLO ku kitata ki bankaka.

  NZINGA MBANDI - Nzinga Mbandi Kia Ngola-Reines et Héroïnes d'Afrique!

 

         

Le marché est rude, la concurrence aussi. Les portugais constatant la concurrence acharnée des français et anglais, décide transferer leur commerce macabre vers les sud du Congo et l'Afrique de l'Ouest, leur position la plus entétée. Ils allaient entrer dans la phase finale de la conquète de l'Angola, lorsqu’ advint une reine qui était un grand chef d'Etat, et un leader militaire d'exception comme certains de ses pairs en son temps.

Son histoire extraordinaire commence en 1582, année de sa naissance. Elle était la soeur du Roi du Ndongo, Ngoli Bbondi, pays plus tard appellé Angola.Elle devient reine en 1623 à 41 ans. Elle interdit à ses sujets de l'appeller reine mais Roi. Et lorsqu'elle mène son armée sur un champ de bataille, elle portait des vetement d'hommes.

L'action politique et militaire de la ''double'' Reine (Ndogo et Matamba) aura, durant près d'une demi siècle, pour toile de fonds, la résistance contre unepratique ''commerciale'', aux termes, scandaleusement, inégaux, instauré, dès le début du Xv ème siècle, sur les côtes de l'Afrique '' occidentale'' le mercantilisme, composante de la terrible accumulation primitive. Ce phénomène économique touchera, d'une façon particulièrement brutale, le Ndongo, terre des Nzinga et qui se ménagera une marge sécuritaire en phagocytant les régions adjacentes et à qui l'on adjoindra, administrativement, Benguela, pour constituer la Colonie d'Angola. Mbandi. En effet, les portugais occuperont militairement une partie de ce territoire du littoral et y bâtiront, à partir de 1578, une ville fortifiée, qui deviendra Sao Paulo de Assumpçao de Loanda et dans les régions adjacentes, puis Benguela, constitueront la Colonie d'Angola. L'édification de cette cité portuaire répond à des objectifs de pure logistique mercantile : organiser à partir de cette base, une grande partie des échanges commerciaux avec l'intérieur, d'une part et l'outre-Atlantique, d'autre part. Nzinga d'abord princesse et puis Reine verra donc se consolider sur son territoire, cette colonie- ventouse.

Nzinga, dans une légitimité politique incontestable, luttera contre la logique du plein mercantilisme : occuper des territoires du littoral, susciter et organiser la traite des esclaves et échanger à vil prix.

GRANDE STRATEGE ET FINE DIPLOMATE

Souveraine exceptionnelle, la fille de Ngola Mbandi a marqué, d'une façon assez significative l'histoire de l'Afrique centrale, la mémoire collective des communautés ''angola'' et ''kongo'' dans les Amériques et les Caraïbes, mais aussi, divers courants de la littérature occidentale. Dotée d'une forte personnalité, elle s'est fait remarquer par sa facile ouverture vers des alliances, sa parfaite connaissances des enjeux commerciaux et religieux, ainsi que par son invariable sens du compromis. Cette ligne politique était fondée sur des traits de caractère très prononcés : sens élevé de l'honneur, de la dignité et de la fierté. Elle a fait alliance avec les Hollandais, dans le but de les manipuler pour les opposer aux marchands d'esclave portugais. L'on retiendra, en substance, que la courageuse dirigeante du Ndongo, amputé, et du Matamba, menacé, a fait montre, jusqu'à sa mort, à 82 ans, d'extraordinaires capacités de stratégie politique. En effet, Nzinga, négociatrice coriace et jalouse de l'indépendance de ses terres, proposera, inlassablement, comme point de compromis, avec le Gouvernement de la Colonie d'Angola, le recouvrement de son autorité sur l'ensemble de son premier royaume, le Ndongo, contre une conversion, à terme, de son peuple, à la foi chrétienne. Et, femme de parole, elle donnera l'exemple, en 1621, en se faisant baptiser, en grande pompe, sous le nom de Dona Anna de Sousa.

Cette initiative de haute diplomatie de la Reine embarrassera, des années durant la couronne lusitanienne et sa dépendance, à Luanda. Et, comme réponse au non respect par les portugais de l'accord ''Recouvrement /Conversion'', de 1621 la nouvelle souveraine du Matamba, territoire jouxtant le Kasanje, reniera sa foi chrétienne et adoptera les inquiétantes traditions des redoutables guerriers yaka. Là, Nzinga, dans une dynamique de guerre psychologique soutenue et soigneusement menée, mettra à rude épreuve les nerfs des envahisseurs. Epouvantés par ce repli identitaire aux déclinaisons politique et militaire immédiates, le Gouverneur de la Colonie, qui avait, depuis 1648, le titre Vice-Roi et le propre Roi du Portugal s'activeront pour amener la Reine du Matamba à la ''raison'' Nzinga usera à fond, comme contrepartie, sa reconversion au christianisme dans les difficiles tractations avec l'occupant. En renouant, effectivement, en 1657, avec la religion chrétienne, elle réussira à garder son deuxième royaume mais, réaliste, consentira à renoncer à ses droits sur une partie du Ndongo. Elle mourra en 1663, en laissant ce compromis.

LA CATASTROPHE

La période post-Nzinga confirmera les qualités politiques, hors du commun, de la Reine. En effet, il ne suffira que de deux ans, après la disparition de la ''Ngola'' et suite à une mauvaise évaluation militaire pour que le Royaume du Kongo subisse, en 1665, la fatidique défaite d'Ambuila. Quant au reste du Ndongo, et de Matamba, huit ans d'errements politiques calamiteux et d'alliances inefficaces suffiront pour qu'ils soient totalement occupés. L'affaiblissement du Kongo, qui se révélera, finalement, irréversible et l'expansion territoriale vers l'est de la Colonie d'Angola constitueront des tournants décisifs de l'histoire de l'Afrique centrale, au XVII ème siècle. Elles provoqueront, en effet, le renforcement de l'articulation d'une dizaine de formations socio-économiques africaines aux axes mercantilistes animés par la Colonie d'Angola.

CONCLUSION

L'analyse que nous venons de proposer sur l'action de la Reine Nzinga n'est qu'une une illustration des centaines de résistances à l'expansion et au développement du mercantilisme, enregistrées sur notre continent. L'un des grands enseignements de ce pan de notre histoire que nous pouvons inscrire dans le contexte de l'Afrique d'aujourd'hui, entraînée, irrésistiblement, vers une nouvelle toile économique et culturelle, de type global, est plus que jamais, l'adoption de solutions de compromis, de compromis historique. Son oeuvre,sa lutte a eu des repercussion sur tout le continent et a reveiller d'autre guerriers endormis:Madame Tinubu du Nigeria,Nandi la mere du Grand guerrier ChaKa ZuLu,Kaipkire du peuple Herero du Sud Ouest de l'Afrique,et l'armée de Femmes qui a suivie le Roi du DaHomey BehaNzin BoWelle...
mercantalisme occidental:razzias négrières,massacres
échanges commerciaux:razzias négrières,massacres
logique de guerre psychologique:guerre contre l'envahisseur

Lorsqu'on vient chez quequ'un, soit disant pour faire des échanges commerciaux, on ne l'oblige pas à se convertir dans sa religion sous peine de l'envahir. On ne battit des forts, on ne prépare pas une logistique de guerre!
Et par desus tout, on ne massacre pas la population locale!
Ah wai j'oubliais.. et surtout, les hommes ne sont pas une marchandise!

 

ROI MVITA NKANGA

 Histoire 


*** Souvenez-vous du GRAND SACRIFICE de nos Glorieux Ancêtres au mois d'Octobre 1665, en Octobre 1921 et en Octobre 1951 ***

ROI MVITA NKANGA.

La Guerre de Mbuila ou La Bataille de Mbuila ou Mpuila ! : L'Abbé LUBELADIO (un Capucin ordonné en 1637) était un Prêtre Catholique qui était un Ultra Nationaliste Kongo, un Patriotique qui s’impliquait dans la défense de l’Unité de KONGO DIA NTOTELA au dix septième siècle. L'Abbé LUBELADIO en plein sermon le dimanche poussait les Fidèles à se soulever contre le colonialiste Portugais. Son Slogan préféré était : Nkangu wumosi, Kongo dimosi, Ntinu wumosi. Kongo dieto Bambuta basisa dio ! L’Abbé LUBELADIO demandait après la messe à ses Fidèles de réciter ce Slogan trois fois... Ingeta ! En Octobre 1665, le Père LUBELADIO prit les armes et accompagna le Roi VITA NKANGA au champ de bataille, dans la GRANDE GUERRE DE MBUILA. Le 29 Octobre 1665, la GRANDE GUERRE de MBUILA éclata pendant 9 heures sans interruption. Les Portugais tirent des coups de canons sans interruption, face aux Bakongo armés des flèches empoisonnées. Le Roi VITA NKANGA est gravement blessé. Il sait qu’il va mourir et donne à l’Abbé LUBELADIO son testament à ce Vaillant Prêtre qui accompagna ce Roi à la guerre pour la gloire et l’unité nationale du Kongo. Plein de sang, le Roi VITA NGANGA se redressa soudain

1 - 1. N’oublie pas, qu’à tes Ancêtres, le Grand MFUMU AKONGO avait dit : Kongo tadi : kabasu'e mbasinga ! 2. Ainsi, tu poursuivras la guerre O ! Vaillant Fils du Kongo ! Tu poursuivras la guerre, jusqu' à la réunification totale du Kongo ! 3. Ta guerre c'est la guerre sainte de l’unité nationale du Kongo et de l’intégrité de son territoire ! Car, Kongo tadi: kabasu'e mbasinga, O ! Vaillant Fils du Kongo ! Kana kuzingila kia kukia ! Après ces paroles, le Grand Roi VITA NKANGA tomba et rendit l' âme. Pendant ce temps, l’Armée Portugaise encercla le Roi... Un soldat lui coupa la tête du Grand Roi VITA NKANGA ... Une forte pluie se mit soudain à tomber... Des tonnerres roulèrent dans les nuages obscures d' allures menaçante. ... Pris de panique, les Portugais décidèrent de se retirer et de rentrer à Luanda où se trouvait leur forteresse. A Luanda, les Portugais célèbrent une messe d'action de grâce aux Ancêtres des Blancs qu’on appelle les SAINTS...Ensuite, on enterre la tête du Grand Roi VITA NKANGA dans l’Eglise Notre Dame de Nazareth à Luanda. Après la guerre de MBUILA, les Portugais amènent la guerre à MBANZA KONGO qui ne sera plus habité et finalement détruit. En suivant l’exemple de l’Abbé LUBELADIO, l’Abbé Fulbert Yulu s’impliqua dans la lutte de libération de Congo Brazza, tandis que l’Abbé Loya joua un rôle moteur dans la lutte de l’ABAKO pour l’indépendance du Congo Belge. Et que dire du Rôle Moteur des Grands NGUNZA (Kimbangu, Fili Mbumba, Matai Muanda, et André Matsua) dans la DESTRUCTION DU REGIME COLONIAL en AFRIQUE CENTRALE de 1921 à 1951... En Octobre 1921, MFUMU KIMBANGU a été condamné à mort au Tribunal militaire (le Général De Rossi) de Mbanza Ngungu pour avoir dit : Trois Fois NON à la Colonisation de la Terre du Kongo et de toute l’Afrique Noire...Ingeta ! Souvenez-vous du GRAND SACRIFICE de nos Glorieux Ancêtres au mois d'Octobre 1665, en Octobre 1921 et en Octobre 1951...

Nimi Lukeni, le Père Fondateur

 

         

Dans le petit Etat de Mpemba, situé au sud de Matadi, une dynastie de princes se construit le long de la vallée du Kwilu (ou Kouilou, écriture la plus répandue de nos jours). Le cimetière sacré à Nsi Kwilu*, la capitale de Mpemba, où furent enterrés ces monarques, est resté un haut lieu saint koongo jusqu’au XVII ème siècle. Vers le VIIè siècle un prince de Mpemba (Nimi) conclu une alliance avec le Prince (Nsakulu?) de la principauté voisine de Mbata de l’autre côté du fleuve Kwilu, pour s’unir et se sécuriser contre leurs ennemis communs, c’est à dire les peuples sauvages du sud, les Kabunga (ou kahunga) qui vivent sur la montagne de Mwene Mpangala au sud, à partir de laquelle ils attaquent les villages de Mbata et Mpemba en vue de les piller. Les princes des deux terres civilisées (pratiquant l’agriculture, l’élevage, la forge etc.) s’entendent pour assurer leur succession l’un dans la lignée de l’autre. Au bout de quelques générations, les princes décident de sceller un mariage entre leur deux lignées. Le 3è descendant régnant en sera Nimi ya Lukeni.

Une fois au pouvoir, Nimi poursuit l’expansion de son royaume. Il conquiert le sud et soumet Mwene Mpangala à son autorité. Pour y marquer la pleine intégration des kahunga conquis, il implantera sa capitale sur la montagne chère aux Mpangala. Et, afin de lever toute ambiguïté, débaptise Mwene Mpangala en « Moongo Koongo », la montagne « des rives unies »* et la capitale tout au dessus s’appellera Mbanza Kongo qui signifie, le siège du l’union, de la fédération ou simplement du le siège du pays.

de residentie van de koning van Kongo in San Salvador (tekening van O, Dapper, 1677)

Mbanza Kongo. Gravure du XVIè siècle.

Sous son règne, plusieurs petits Etats ou groupuscules autonomes tomberont sous l’escarcelle Koongo. Contrairement à l’esprit d’union des autonomies qui a prévalu à la création de ce pays, Nimi mettra en place une administration ultra centralisée, laissant aux chefs de provinces conquis, adhérents volontaires ou nommés, le pompeux titre de Mwene (« mani » est la traduction portugaise) qu’il porte lui-même, mais en réalité, sans en leur laisser le moindre pouvoir. Des sous administrateurs seront nommés pour trois ans avec pour rôle de circuler régulièrement à travers le royaume, pour collecter l’impôt, rendre la justice, transmettre des directives, entretenir des relations avec les voisins du royaume et renseigner le roi. Il a jeté les premières bases du pays.

* Toutefois, son côté légendaire vient du fait que plusieurs des actions qui lui sont prêtées ont été accomplies en une période trop longue pour que ce soit le fait d’un seul. Plusieurs rois se sont sans doute succéder durant des générations pour accomplir cette oeuvre. Mais la mémoire collective n’a retenu que le plus grand d’entre eux, Nimi le Grand. Il n’est pas impossible non plus, vu les similitudes mythologiques, que Nimi ne soit autre autre Narmer, premier roi de Kama, l’Egypte antique, dont l’image de « père fondateur de civilisations » a traversé les ages. Sans doute, les rois suivants ont été parmi les bâtisseurs des structures de ce royaume :

Muabi Mayidi
Zananga Mowa
Ngongo Masaki
Mbala Lukeni
Kalunga Pun
Nzinga Sengele
Nkanga Malunda
Ngoyi Malanda
Nkulu Kiangala
Ngunu Kisama.

* Nota: Kongo signifie aussi « rive ». On peut évoquer d’autres hypothèses. En effet, Kongo peut se saisir aussi par « union fédérale » car constitué de trois parties, ou « trois rives ». Et pourquoi pas, le peuple de la panthère « Ba-nkua-Ngo », puisqu’il est avéré que cet animal est l’emblème du roi. Ka-Kongo est le nom d’une étoile à qui plusieurs légendes koongo prêtent d’avoir été le berceau de ce peuple, avant d’être déchu du monde des dieux et d’échouer sur terre. Or Ka-kongo a été une province qui recouvrait celle de Mbata, berceau légendaire des Kongo, plus que Mpemba. Les ba-zoulous (qui signifie « peuple du ciel ») sous groupe Koongo aujourd’hui habitant majoritairement l’Afrique du sud s’en revendiquent plus que tous les autres. Toutes ces pistes qui ont leurs adeptes sont plus ou moins plausibles et rien n’exclut de les associer toutes pour se reprocher de la vérité conceptuelle de ce mot. L’approche politique du mot « Koongo » n’est pleinement traductible qu’en allemand, par « bund » , utilisé tantôt comme « union », tantôt rendu par « fédération » ou encore « national »; il concentre la même complexité. Surtout lorsqu’on sait qu’en langue Koongo, bundu signifie justement l’union, l’assemblée, le regroupement. Le Bundu dia Kongo mouvement politico-religieux fondé en RDC par Ne Muanda N’semi en 1969 pour ressusciter le royaume du Kongo utilise le même mot « Bundu », qu’il traduit par « royaume ».

* Nsi Kwilu: de « nsi » = pays, et kwela = alliance, ce qui donne « la terre de l’alliance ».

ROIS (Vers 1370),

Nganga Makaba
Nkanga Nimi
NKuvu Mutinu. On sait peu de chose sur lui, sauf qu’il a accepté d’être roi après que ses deux cousins se soient désistés. On lui prête d’être le père de Nzinga Nkuvu.

KONGO

Au temps protohistorique, les Kongo descendirent le grand fleuve Nil depuis sa source, près du lac Edouard en actuelle République Démocratique du Congo.

L’esprit scientifique développé jadis dans les centres initiatiques d’ISHANGO, aboutit à la construction des civilisations : KOUSH (ou Soudano-Nilotique) et KAMIT (ou Egyptienne) dans la vallée du Nil.

Aux environs de 3 300 av J.C, le rois « MWENE » unifia le pays Kongo . Prospérèrent ensuite de grands Monarques comme « TUTTI MAZA III » qui agrandit le domaine jusqu’en Palestine et en Syrie au XVème siècle av JC.

Roi Mwene - 3300 av JC

Tutti Maza - 1500 av JC

Mais en 525 av JC, Kambysi, le Roi des perses envahit la grande métropole Kongo par le delta du Nil. L’élite est repoussée vers le sud.

Comme un retour aux sources de la tradition, le matriarcat ancestral poussa les grands prêtres à mettre sur le trône des Reines : les fameuses MAKANDA. A la fin du premier siècle av JC , la Reine MANI SHAKETO força les Romains à signer un traité de paix allant à son avantage.

Trouvant refuge toujours plus au sud, ils retournèrent vers l’Afrique profonde : la terre des ancêtres. Ils y trouvèrent des populations comme les Pygmées, les Hottentot et les Bochimans, issus de migration au paléolithique et au néolithique. Au premier siècle de l’ère chrétienne, ils créèrent la cité de ZIMBA ou le grand Zimbabwe.

Au IIIème siècle, à partir du sud est du continent noir, ils se dirigèrent vers la partie centrale de la côte atlantique.

Reine Mani Shaketo - Ier s. av JC

Au VII ème, siècle ils entament la construction de la fédération des états du Kongo dina Nza, comprenant : le Kongo dia Mbangala, le Kongo dia Mulaza, le Kongo dia Mpazu et la partie centrale le Zita dia Nza (le nœud du monde).

Au XVème siècle, sous le règne du Roi MANI KONGO NZINGA NKUWU, les Portugais trouvèrent à leur arrivée un grand état, très bien structuré, avec une économie prospère.

Baie de Lwangu - Royaume Kongo - XVIème s.

Auteur : Junior Nsiona Tendani

Sources : Nations Nègres et culture: Cheikh ANTA DIOP ed Présence Africaine(1955).
L'Afrique noire pré-coloniale: Cheikh ANTA DIOP ed Présence Africaine(1960).
Théophile OBENGA in ANKH : Revue d'Egyptologie et des civilisations africaines N°12/13 (2003/2004).
L'Ancien Royaume du Congo et les Bakongo: Raphaël BATSIKAMA ed L'Harmattan(1999).

Bref Historique du N’golo

« Ngolo ya ngandu na mukila », qui veut dire : la force du crocodile est dans sa queue.

Le premier sens est qu’on est impressionné par la mâchoire du crocodile alors que sa force est dans sa queue. Le sens caché de ce proverbe kongo est que la force d’un homme n’est pas dans ses muscles mais dans ce qu’il construit : sa famille et ses enfants.

Le Ngolo - force ou énergie en kikongo - est une danse guerrière issue des techniques de combats à mains nues qu’utilisaient les guerriers de l’ancien "Royaume Kongo" - (Gabon, Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa, Cabinda et Angola). La pratique des armes se nommait "Sanga" ou danse de l'épée. Le Ngolo était aussi un rituel d’initiation aux mystères de la vie, notamment lors des cérémonies de passage à l’âge adulte.

Le Ngolo a une origine mythique, la tradition raconte que l’ancêtre « NGOLA», fils de NZINGA - mère originelle du peuple Kongo - fut un guerrier forgeron. Un proverbe parle de lui en ces termes : « Buila ngo, ka vumina ngo ko», ce qui signifie : il se saisit du léopard et ne le craint point. Par cet acte, il devenait le précurseur de cet art. Une autre tradition nous informe que c’est l’ennemi de l’ancêtre NGOLA, qui aurait pris l’apparence du léopard pour l’attaquer. Lorsque NGOLA dépèce l’animal et se revêt de sa fourrure, il exprime ainsi sa domination sur les forces du mal.

Par cet épisode mythologique, le fils de NZINGA devenait à ce titre le premier roi du Kongo. Et tous les autres souverains légitimes étaient considérés comme la réincarnation de celui-ci.

En outre le mot « Ngolo » a pour racine - "Ngo"- le léopard, et en vérité le terme « Ngo-lo » ou « Ngo-la » signifie littéralement : « plus puissant et plus fort que le léopard ». C’est la véritable raison pour laquelle, la peau de cet animal symbolise le pouvoir royal chez les Kongos depuis des millénaires. L’art du N’golo s’inspire également d’autres animaux, aussi est il connu sous les noms de « Lutte des boucs » ou encore "Danse du zèbre ».

Techniques de combat

Voici quelques mouvements de Ngolo

« Tuluwa ku lumbu » :

Cette gestuelle auto-protectrice de toute première importance consiste à placer le corps dans l’enceinte royale (le lumbu)

« Kanga nitu » :

"Fermer le corps" en rentant la tête ou en se penchant presque jusqu’au sol. Etre proche de la terre évite de faire une mauvaise chute, puisque la stabilité est renforcée.

« Misangi » :

Mouvements d’esquive comprenant des figures de chute au sol, souvent pour lancer une série de fauchage.

« Matambi » :

Ce mot technique s’applique à tous les coups portés avec le pied.

« Ta kinsi » :

Balayage, quand le pied devient une arme pour déséquilibrer l’adversaire.

« Ngwindulu a ntu » :

Littéralement : frapper avec la tête.

D’après la tradition les hommes ont appris le Ngwindulu en observant les boucs qui se battaient à coups de cornes, c’est pourquoi il existe un autre terme pour designer ce mouvement : Tuumba (Frapper avec les cornes.) 

 

Origines Ntandu 


Pendant très longtemps, on n'a établi aucune distinction entre les différentes "tribus" du Royaume Kongo. On parlait d'un seul et même peuple, le peuple Kongo, appartenant à un seul Royaume, bien que divisé en plusieures provinces, dont le nombre variait selon les époques, entre 6 et 15 provinces, des tailles différentes.(Au XVIè siècle, Duarte Lopez en indetifia 6 : Nsundi, Mpangu, Soyo, Mbata, Mpemba, Mbamba). Pour le reste, il s'agit des territoires périphériques, faiblement liés au pouvoir central, opposés les uns aux autres et en état de dissidence quasi permanente. A aucune époque, le roi du Royaume Kongo n'eut les moyens de mener jusqu'à son terme l'oeuvre de rassemblement de toutes les terres et de centralisation absolue du pouvoir. Cette situation ne fait pas exception; toutes les grandes formations étatiques de l'histoire africaine ont subi les mêmes difficultés.

La tradition et les mythes des origines nous apprennent que le peuple "Kongo", "les Ne-Kongo" auraient un ancêtre commun "mama Nzinga", fille de Nkuwu et épouse de Nimi. c'est de leur trois enfants : Vit'a Nimi (Nsaku), Mpanzu a Nimi et Lukeni lwa Nimi (Nzinga) que descendraient les Ne-Kongo. Ils appartenaient à une même communauté linguistique : le "kikongo", bien que chaque sous groupe pratiquait sa version dialectale sans éprouver le besoin de traduction, la différence n'étant qu'une question de ton, de variation des mots ou même de prononciation.

C'est au XIXè siècle, avec l'apparition de la science anthropologique que le mot "ethnie" a été introduit dans les théories modernes d' études des peuples. On ne parle plus de race, de peuple ni de nation, mais de "ethnie" ou "tribu" comme groupe humain ayant une langue, des coutumes, des codes, des valeurs, un nom ou un ascendant communs ou, ayant seulement la conscience d'appartenir à un même groupe, vivant dans la même région ou se déplaçant ensemble, et ayant la même organisation, les mêmes croyances religieuses.

Après la conférence de Berlin (en 1885), quand les frontières du Congo actuel ont été tracées sans tenir compte des réalités socio-politiques précoloniales, que le Roi Léoplod II (de Belgique) organisa une administration dans le but non seulement de sédentariser les peuples à l'intérieure des frontières fixées (par la conférence) mais aussi de les regrouper selon les catégories qu'il jugeait communes afin de mieux les controler.

Ainsi, on a créé des entités homogènes soit en :

* créant des nouvelles ethnies comme l'ethnie "Bangala..."

* transposant le nom des provinces précoloniales : comme la province Mbata qui s'identifie à l'ethnie "Bambata", la province Mpangu à l'ethnie "Bampangu", la province Nsundi à l'ethnie "Bansundi"...

* se référant à des typonymes précoloniaux mais tout en n'étant employés que par leurs voisins, c'est le cas de "Bandibu" et de "Bantandu". Dans les années 1890, le surnom :"Bandibu" fut donné au peuple de la region "Nsundi" qui répétait souvent "ndibu", "ndivu" pour dire "n'est-ce pas?" ou "c'est vrai?" Et "Bantandu", "besi ntandu" (ceux d'en haut, ou amont) à ceux qui se sont établis dans le nord de "Mpangu".

Il faut rémonter à la bataille d'Ambuila (1665), pour bien comprendre les mouvements des populations de l'intérieur du royaume.

En effet, après l'intrusion des portugais usant les manipulations et les manoeuvres perfides et sordides, même la conversion au christianisme du roi Nzinga Mbemba (Alfonso Ier 1506-1543) entraina heurs et malheurs dans tout le royaume. Après sa mort, le royaume va évoluer, jusqu'en 1641, vers l'instabilité permanente créée par l'obstination portugaise dans la logique esclavagiste. En 1641, le roi Gracia II (1641-1661) tente de restaurer l'autorité du pouvoir central. Mais miné par toutes sortes d'intrigues, le royaume ira décadent avec l'apparition de foyers de dissidence, des complots et de trahison. Son successeur le roi Antonio 1er (1661-1665) tentera à son tour de réunir et restaurer l'unité du royaume, cependant à la rencontre d'Ambuila, il sera capturé et décaputé, toute sa délégation sera fait prisonier ou esclave. Les envahisseurs portugais et le Jagga vont cemé un climat de terreur et de guerre civile dans tout le Royaume. Il en résultera l'effondrement total du royaume. La résistrence conduite par Kimpa Vita, en vue de restaurer le royaume n'y fera rien. Le Kongo continua d'exister, ou tout au moins formmellemnt, durant deux siècles, jusqu'à ce que sa division définitive soit décidée entre le Portugal, le roi de Belgique et la France lors de la Conférence de Berlin (1884-1885).

Les siècles qui ont suivi la bataille d'Ambuila furent marqués par des grands bouleversements tant sociaux, politiques qu'économiques. Minés par toutes sortes d'intrigues, des complots et trahisons, chaque province cherchait son autonomie d'un côté et de l'autre, les portugais continuaient leur horrible commerce des êtres humains dont il a fallu attendre 1851 pour que le Portugal admette officielement sa fin (En Afrique subéquatoriale). Et, contrairement au commerce d'esclaves qui était sous l'autorité de l'Etat, un nouveau système économique se dévéloppait, une nouvelle strucure sociale va se former avec des regrouppements humains, unis non pas au nom d'une allégeance princière mais pour des raisons purement économiques, et de survie. La traite a totalement changé la mentalité des populations, les gens ne se confient pas, personne ne compte sur l'aide de son voisin. L'époque de la naissance des reseaux familiaux. Les familles et les "tuvila" sont dévéloppés. Les gens prétendant d'un même ancêtre, du même lignage se regroupent en famille, y ajoutant parfois un fondement lignager fictif. Tout pour échapper aux razzias esclavagistes et se protéger ou assurer la protection de ses acquits économiques et culturels, le"kinkulu". On assiste à un vrai morcellement de la structure social, qui va se poursuivre tant que persiste une royauté symbolique et tant que se développent le commerce et la possession des esclaves. Car même le clergé s'y engange à posséder et à vendre des esclaves. C'est aussi la grande époque de "munsambu", le poisson salé et séché (cher aux bantandu), car il se concerve facilement et longtemps, facile à emporter (le poisson salé et séché s'avère le pricipal nourriture emporté pendant la migration). A la même époque est née la ville de Makuta, fondée par un certain Kuvo, (en 1865) qui avait fait fortune dans l'esclavage et le commerce de tissus européens. Ce qui inspirera certainement le gouvernement de Kinshasa, quand il donna le nom de "makutu" à sa monnaie.

Ces familles nouvellement formées vont migrer vers l'arrière pays, elles vont suivre les tracés des routes commerciales (voir la carte à côté) en direction du Nord et de l'Est, vers les régions de Soyo, de Nsundi, de Mpangu jusqu'a Mpumbu, où le Royaume Kongo avait une influence beaucoup plus forte. Ces mouvements vont durer jusqu'à la fixation définitive de la population par l'établissement des frontières décidé à Berlin. Il faut noter que certaines familles, pendant ces migrations, se séparaient des individus qu'elles jugeaient peu crédibles ou capables de trahir l'intégrité de la famille, soit en les vendant à d'autres tribus, soit en les incitant à prendre d'autre direction.

Une nouvelle société est née, formée des authoctones et de la population qui arrive du centre du royaume. Van Wing constate que les chefferies (dans le Nord de "Bampangu", chez les "Bantandu") étaient d'une création artificielle, des clans indépendants les uns les autres, sans hiérarchie affirmée, ni solidarité clanique profonde.
Dans la carte ethnique établie après la conférence de Berlin (voir le tableau à côté), certaines ethnies comme les "Besi-Ngombe", les "Balemfu" n'y sont pas indiquées, avec comme argument qu'aucun ancêtre commun ne peut leur être assigné et qu'ils n'ont pas d'identité culturelle qui les distingue de la population environnante.

C'est qui nous laisse penser que les "bantandu", qui se sont établis dans la région nord de "Mpangu" devraient avoir une indentité culturelle qui les distinguent de leur vosins. Cependant, aucune frontière ne les sépare, que la détermination identitaire. Les clans que l'on trouve chez les "bantandu", remontent des origines de Mbanza Kongo. Ils puisent leur fondement dans le mythe fondateur du royaume kongo dont on distingue trois grand groupes de matrilignages (ki Nsaku, ki Mpanzu, ki Nzinga). Les tensions politiques et économiques, les fragmentations et les essemages qu'ont connu les Ne-Kongo ont fait que les clans "ntandu" (comme les autres peuples) se sont errigés en entités autonomes dont les membres sont groupés à la fois de façon réelle, parce qu'ils ont un réel ancêtre commun et de façon fictive parce que certaines personnes (comme des esclaves) s'y sont ajoutés. Il faut remonter au XVIIè S pour trouver une réelle hiérarchie clanique. Voici quelques uns : Les clans (et sous clans) de Nsaku : (Nsaku, le prophète, le médiateur spirituel que politique, prêtre) : Kinsaku, lemba, lunda, kalunda, kinzambi, ndembo, ndingi, ba dia dingi, mbuta, kimbuta, kivunda, kimbunda, mavunda, mpunda, mbata, kimbata, mukukulu, nkukulu, nkokolo, nkala, kinkala, mukala, kabemba, mbemba, kimbemba, mpemba, kimpemba, mvembe, kimvemba, mbuila, kimbuila, lawu, malawu, mankunku, nkunku, nsongo, kimanga, mbika, kimbuka, kimvika, mavika, nsengele, kisengele, kiuvu, kinsumbu, mpila, kimpila, kingidi, kividi, mayidi, ngidi, nzidi, nsivuila, kuimba, kikuimba, kikuiti, sangila, lusangila, matsanga, nsenga, nsanga, nsangi, ngimbi, kingimbi, yimbu, ndinga kindinga, ngandu, masaka, masaki, nkamba, kikamba, lemfu, kilemfu, ngemba, kingemba, yongo, kiyongo, zongo, kizongo, vuzi, kivuzi, kinsembo, mansembo, nsembo, musemo, kimfuti, makaba, nsimba, nsimbu, nsungu, nsongi, kinsongi, ntumba, kintumba, kiowa, kikiowa, miala, kimiala, nkuwu, etc ...

Les clans (et sous clans) de Mpanzu : (Mpanzu, habile et excellent agriculteur, mineur, il incarne l'intelligence divine) : Mpanzu, kimpanzu, muanza, kimuanza, mfutila, kimfutila, ndamba, kindamba, nlamba, mbongo, kimbongo, kinuani, kilombi, ngoma, kingoma, ngombe, kingombe, lombe, kilombe,nsundi, kinsundi, kifuma, vonga, luvongo, mbongo, kimbongo, nkumbu, nkumba, kinkumba, mfulama, kimfulama, mbembe, kimbimi, mbimbi, ngoma, kingoma, mbuma, kumbuma, mbumba, mukuzu, kinkuzu, mpondi, kimpudi, mpolo, lumbu, kilumbu, lulombe, ndombe, mvudi, ,golo, ngola, mpakasa, kimbaku, kimpaka, mboma, mavuku, kimpondo, ndongo, kindongo, kinsamba, nseke nzila, lumba, malumba, nkenzi, kinkenzi, masunda, kinkosi, kinsuka, nsuka, nsuka za kongo, nsakila, wembo, kiwembo, mfutila na wembo etc ...

Les clans (et sous clans) de Nzinga (Lukeni) : (Nzinga, homme politique, excellent éducateur) : mbamba, kimbamba, kihangala, kiluamba, kimbala, kimbambi, mbambi, kinzambi, nanga, kinanga, kananga, mayamba, mazamba, mpal'a nzinga, muabi, zambi, kiyangu, kianza, kikiangala, mandiangu, nianga, manianga, mbangala, mpangala, nsanzala, mbanda, kimbanda, kibanda, kiyandu, mbandu, lunga, mandungu, malunga, ndunga, nkunga, kiyinda, makondo, nkondo, mikondo, mbenza, ngongo, nsinzi, nsindi, ngundu,ngunu, kingunu, kingundu, lukeni, nkenge, kinkenge, kenge, mafuta, etc ...

Ces noms sont devenus aussi bien des noms des personnes : (ex : Nanga, Mvwemba, Mandiangu, Kisengele, Ntumba, ...); des noms des noms des villages ( ex : Mayidi, Ndembo, Mbanza-Mboma, Lunga, Kinanga, Yongo...) que des noms de rivières (ex : nianga...)

"Muntandu est un blanc : muntandu mundedi"

Les "Bantandu" se sont révélés avant-gardistes, lors de l'arrivée des colons belges, ils se sont attachés très tôt à multiplier des contacts avec leur société (belge) et se révéleront d'une réelle capacité commerciale et agricole, un peuple ouvert, structuré et mobile. Une fois entré dans les circuits économiques européens grâce au chemin de fer de Matadi - Léopoldville, à la route et aux débouchés offerts par Léopoldville, Ils acquièrent la réputation d'être parmi les Ne-Kongo les plus ouverts aux influences étrangères. La proximité de la capitale et les facilités de communication leur permirent de demeurer en étroit contact avec leur milieu d'origine et d'y exercer une influence considérable. Cette ouverture "d'esprit" va faire d'eux les Ne-kongo les plus acculturés par rapport à leurs voisins, Ils ont fourni un nombre important d'intellectuels, d'assistants médicaux... Ce qui a fait leur fierté, se sachant plus proche de l'homme blanc et se surnomerons "blancs" : "muntandu est un blanc", "muntandu mundedi", ce qui n'empechera pas de considérér les colonisateurs belges avec une méfiance croissante à mésure que s'implantait le système colonial et que s'étendaient les ravages causés par la maladie du sommeil et par les mesures coercitives de la période 1890-1905.

Cette époque (de 1890 - 1897) est marquée par la construction du chemin de fer Matadi - Stanley-Pool où se développa l'actuelle Kinshasa. Les travaux de cette structure ont nécessité l'engagement de gré ou de force des milliers de travailleurs pour le portage ou la construction. Plusieurs personnes sont deplacées et d'autres décimés par les maladies. En effet, à partir de 1898, tout le bas-congo est ravagé par la maladie du sommeil et la petite vérole. Plus de 70% de la population "ntandu" aurait disparue ( dans la région de Kisantu-Madimba) provoquant l'effondrement des structures coutumières et de l'organisation politique, même locale. Des villages entiers ont disparus. C'est une population en voie d'anéantissement que les missionnaires jésuites auraient rencontré à l'époque dans la région( la première mission des jésuites date de 1893). les jésuites, avec l'aide du gouvernement (bula matadi) ont lutté avec succès contre cette calamité jusqu'à son éradication. Les habitants de la région leur en furent reconnaissants en se convertissant au catholicisme en masse...

Ainsi ils bénéficièrent des services médicaux et scolaires qui étaient fournis par les missionnaires. Un Centre médical pour la formation d'infirmiers et assistants médicaux autocthones, pour lutter contre la trypanosomiase (FOMULAC : Fondation Médicale de l'Université de Louvain au Congo) sera créé à Kisantu (à Nkandu), avec l'initiative de l'Université Catholique de Louvain (en 1926), par Fernand Malengreau (1880-1958). Mr Martin Nguete et J. Nkondi (voir photo à gauche) furent les premiers assistants médecins sortis de cette université en 1956. Puis suivra l'ouverture d'une école d'assistants agricoles, CADULAC (en 1933) pour "améliorer par l'enseignement agricol et l'exploitation rationnel de la terre et de l'élevage, la situation physique, sociale et morale des populations". Les élèves de Cadulac n'avaient pas du mal pour faire des expériences tant qu'il y avait un jardin botanique initié par le frère Gillet en 1900, d'abord sur les rives de la Nianga, puis sur le bord de la rivière Inkisi. En 1937, est ouverte l'école des sciences commerciales et administratives. Ces trois écoles fusionnent en 1947 pour former le Centre Universitaire Congolais Lovanium dont l'enseignement fut technique supérieur. c'est ce Centre qui sera transferé à Kinshasa, à Kimwenza en 1953. Lovanium deviendra la première université catholique interraciale d'Afrique. La volonté d'ouvrir une véritable université entraina (en 1947) la décision de construire le collège de Mbanza-Mboma (ailleurs aussi : Uele, Lulua et Kwilu), école sécondaire latine pour africains, dont les finalistes devraient accéder à l'enseignement supsérieur.

Depuis 1920 se développait déjà à Kisantu et dans les missions, un enseignement catholique. Le stade primaire était largement dépassé puisque des écoles sécondaires de rénom sont vite ouvertes comme le petit séminaire de Lemfu en 1922; le grand séminaire de Mayidi en 1933, qui dispense un enseignement universitaire tout en préparant ses étudiants au sacerdoce. Depuis 1901, apparaissait à kisantu, un mensuel, "Ntetembo'Eto", qui publiait des articles de formation religieuse et pédagogique, ainsi que des nouvelles locales et événements extérieures à la région.

Ce développement de l'enseignement supérieur catholique à Kisantu à partir de 1925 renforça l'influence des missions dans toute la région. les jésuites adoptèrent le "kintandu" (aussi par soucis d'unifier la langue kikongo) pour évangéliser les populations de la mission de Kwango (Bas-Congo - Kwango - Kwilu - Kasaï), et pour instruire les enfants dans les écoles. Petit à petit se développaient des groupes d'intellectuels laïcs catholiques qui influenceront beaucoup les mouvements de résistence qui débouchèrent à l'indépendance du congo.

Quelques associations se sont ulustrées :

- Assomuba : Association de secours mutuel de la jeunesse Bantandu , présidée par A. Luseko, et P. Toya (secrétaire général)
- AJMK : Ass. de la jeunesse Madimbadienne du secteur Kimuisi
- Lamugeba : Bantandu du secteur de Ngeba
- Amis-Ngufu : Amis distingués du secteur de la Ngufu
- Kelele : Jeunesse Ngufu-Madimba-Kinzambi-Kinfunda-Ladi
- Aujengi : Association de la jeunesse Ngidingienne
- Uphilbafuma : Union Philanthropique des Bantandu de Nfuma de Léopoldville-Oeust
- Renaibako : Renaissance du Bas-Kongo
- Jeunesse Lukunga : (secteur de mfuma)
- Frakosoba : (Madimba)
- Neobako : (Madimba)

Ces associations avaient pour but : de lutter contre la méfiance inter-clanique héritée de l'époque de "ntuka kongo"; de créer un liens de solidarité clanique famlilliale et susciter la conscience d'une identité "ntandu" et kongo.

De toutes, une seule était très influente, la Renaissance du Bas-Kongo (Renaibako) qui était une association regroupant les "Bantandu" de Léopoldville et ceux de la province (secteur de Madimba-Kisantu), dont les objectifs seront plus tard les mêmes que "Abako" : défendre et développer la culture kongo. "Renaibako" fut fondé par J. Mavuela (en 1944-1945), présidée dans le secteur de Kisantu par J. Nsola. Simon Nzeza comme trésorier. Il est probable qu'Edmond Nzeza-Nlandu (muntandu et ancien élève des Jésuites à Kisantu) s'inspira de la Renaibako pour fonder ABAKO (Association des Bakongo), premier parti politique confirmée. Association qu'integreront J. Nsola et Simon Nzeza en 1947. Les activités de la Renaibako cesseront en 1950 et plusieurs de ses membres integreront l'Abako.

Bien avant la fondation de "ABAKO", d'autres mouvements d'auto déterminations ont vus le jour chez les "Bantandu", le mpadisme (1939-1946) ou le Kakisme ou la mission des noirs (fondé par Simon Mpadi en 1939) qui n'était autre qu'un mouvement syncrétiste religieux qui dans le contexte d'une liberté d'expression inexistante avait pris un tour politique. Le mpadisme n'avait pas dissimulé son réfus de l'homme blanc, ses tendances anti-coloniales ont permis à quelques administrateurs colonialistes de considérer les "bantandu", comme des nationalistes xénophobes. La mission des noirs (mpadisme) connaitra un succès considérable dans le secteur de Ngufu, entre la Lukunga et Nsélé et, aux environs de Kasangulu.

Outre le Mpadisme, il faut signaler aussi le Gondisme bien que son enseignement nationalisme n'a jamais été aussi percuttant que celui de mpadisme. Papa Gonda Wasilua Wangitukulu est né dans le village de Ndembo Kivuanza, secteur de Ngufu, du clan Mbamba Kalunga. Il n'a pas manqué de subir l'influence du Kimbanguisme pendant ses études chez les salutistes de Kasangulu (études primaires). Lui aussi, dans ses début il a dénoncé la marginalisation de l'homme noir par le religieux blanc, dans une prière au cours d'une assemblée. Ce qui lui a vallu l'exclusion de l'école et peut le fondement de son messiasme "le ngunzisme". Son mouvement devenu Eglise dite "Mpeve ya Nlongo" (Eglise du Saint-Esprit) E.C.U.S.E. en 1950 mais officiellement reconnu en 1989.

Figurine nkisi. Kongo (Vili). Région du Bas-Zaïre. Bois, métal, pigments, miroir, griffe de léopard. Museum, Tervuren.

 Les nkisi nkondi 


Les nkondi sont des représentations d'esprits nkisi qui luttent contre l'activité des sorciers, des malfaiteurs et autres perturbateurs de l'équilibre social. Dans ce rôle, ils assistent les chefs dont la tâche essentielle consiste à faire régner la justice. Ils se présentent généralement sous la forme d'une figure anthropomorphe ou zoomorphe (chien) et résultent des interventions combinées du sculpteur et du spécialiste rituel nganga. Par l'adjonction, sur la tête ou le ventre, de réceptacles de substances magiques obturés par un coquillage ou un miroir, le nkondi reçoit, du nganga, son potentiel surnaturel. Garants d'un serment prêté ou d'une vengeance sollicitée, les clous enfoncés dans le bois modifient l'aspect extérieur de la statue au fur et à mesure de son utilisation. On a longtemps considéré ces figures (maladroitement dénommées «fétiches à clous») comme des objets maléfiques et violents, activés sans discernement alors que leur fonction agressive ne vise que la réparation d'une injustice commise.

KALE KÀÀ KONGÒ | HISTOIRE DU CONGO

Chronologie des évènements notables de l’histoire du Congo

Cette page s’adresse aux Congolais, du Congo mais surtout de la diaspora de la deuxième et troisième génération qui ne connaissent pas forcément leurs origines. Il a été pour moi difficile de résumer l’histoire du Congo qui est très riche et très dense mais j’espère que cette page aidera ceux qui ne connaissent pas l’histoire du Congo à avoir une meilleure idée de ce qu’est le Congo actuel et de mieux comprendre d’où viennent les Congolais qu’ils rencontrent à Paris, Tokyo, New York ou ailleurs. Cette chronologie est loin d’être exhaustive et peut être considérée comme un point de départ vers d’autres lectures et d’autres recherches.

- le Congo est peuplé depuis au moins 200 000 ans
– c. 500: Fondation du royaume Kuba
– c. 1275: Fondation du royaume Kongo par Nimi a Lukenie
– c. 1380: Fondation du royaume Kabare (actuel Sud-Kivu)
– c. 1483: l’explorateur Portugais Jacques Cam (Diego Cão) pose le premier Padrão à l’embouchure du fleuve Congo. Premier contacte entre les Portugais et les Bakongo. À cause des guerres successives avec les Nations musulmanes, les Européens se dépêchent de coloniser l’Afrique. Ils veulent découvrir le plus de territoire possible afin de contre-carrer les musulmans qui eux colonisent l’Afrique par la côte Est. Ils voulaient aussi découvir la route des Indes.

– c. 1486: Lors de son second voyage, Jacques Cam remonte l’embouche du fleuve Kongo jusqu’à Matadi. Il rencontre même Nzinga Ntinu, Empereur Kongo. À cette époque, les Portugais vont consolider leur présence le long de la côte ouest africaine et devenir la pierre angulaire de la traite négrière entre l’Afrique, les Amériques et l’Europe. Plus de 5 millions d’esclaves ont transité par l’embouchure du fleuve Congo.

– c. 1491: Les premiers missionaires catholiques arrivent au royaume Kongo
– c. 1585: Établissement du royaume Luba
– c. 1600 :

* Fondation du royaume Kuba (alliance Luba, Leele, Pende, Dengese et Wongo)

* Fondation de l’empire Lunda Les Lubas du Kasayi ont entamé une migration vers l’Est et le Sud qui va donner naissance à plusieurs royaumes. On notera ainsi en Zambie, par exemple, l’émergence du peuple Bemba (environ 300000 en RDC et plus de 3 millions en Zambie), le groupe ethnique le plus important de Zambie, se réclamant descendants directs de Tshiti Mukulu, lui-même descendant direct de Mwata Yamvo, donc Luba.

– c. 1610: Pierre Van Broeck un des premiers marchands belges commença un commerce d’ivoire

– c. 1630: Introduction au Kasayi de la culture maïs, du manioc, des haricots et du tabac et de nouvelles formes de tissage, broderie, forge et sculpture sur bois

– 1680 :

* le Portugais Duarte Lopez est le premier occidental à remonter le fleuve Congo.

* Ilunga Tshibinda (Kisula? ou le fils de Kisula?) prend le contrôle du royaume Lunda en épousant Lweji Konda. En s’alliant aux Luba grâce aux mariages entre membre des familles royales, les Lunda vont être balubaisés et gagner énormément d’influence dans la région, jusqu’à étendre leur royaume au fil des siècles, à cheval sur le Sud-Est du Kasayi, le Sud-Ouest du Katanga, le Nord de l’Angola et la Zambie actuels.

– c. 1690: Mwata Yamvo, fils d’Ilunga Tshibinda, devient Roi des Lunda.
– c. 1700: Fondation du royaume du Katanga
– c. 1750: Fondation du royaume Mangbetu

– 1792: Abolition de l’esclavage au Danemark. La montée en puissance des anti-esclavagistes et les révoltes d’esclaves dans les Amériques fait faire progressivement marche arrière aux puissances Européennes, même si elles perdent de fait une manne financière extrêmement conséquente pour l’époque. Les Danois, les premiers à abolir l’esclavage, offrent 10 ans à leurs colonies pour se retourner.

– 1796: Les Banyarwanda, réfugiées rwandais établissent un royaume au Congo, dans une partie de ce qui est maintenant le Kivu.

– c. 1800: Ilunga Sungu ne réussit pas a établir son autorité sur le peuple Kanyok, un des peuples balubaisés, qui va étendre sa propre influence entre la Lubilanji et la Mbuji-Mayi. C’est à ce moment qu’il y a rutpure avec les Kanyok qui sont, à partir de cet instant, interdit de séjour à Katende.

– 1867: Première exploration du Congo par un non-Africain, Henry Morton Stanley, également premier Européen à traverser l’Afrique d’Est en Ouest.

– c. 1869-1870: les Tetela, habitants du Nord du Kasayi actuel, à cheval sur le Sankuru et le Maniema, s’allient avec les marchants arabes et mènent des raids négriers contre les Luba. Ils s’allieront aussi aux Arabes pour se battrent contre les hommes de Leopold II

– c. 1869: Fondation du royaume Garengaze par Msiri
– c. 1870: les commerçants venus de Zanzibar établissent une séries de camps fortifiés dans l’Est du Congo
– 1874-1877: exploration du fleuve Congo par Henry Morton Stanley.
– 1876: fondation de l’Association internationale africaine (AIA) par Léopold II de Belgique. Début officiel de la colonisation du Congo.
– 1879: retour de Stanley au Congo pour coloniser l’intérieur des terres.
– 1880: première école au COngo fondé par les missionaires à Boma
– 1884: Etablissement d’une frontière entre l’État Indépendant du Congo et les forces dites arabes.
– Nov 1885 - Fév 1886: Conférence de Berlin qui permet aux colons de se partager le continent africain comme du gâteau.
– 29 mai 1885: reconnaissance internationale de L’État Indépendant du Congo (EIC) avec à sa tête Leopold II comme roi

* Instauration de la Force Publique, composée uniquement d’Européens en mal d’aventure, dont la mission première était de “mater” la population noire et d’assurer une exploitation continue des ressources naturelles du Congo. Lorsque les quotas de caoutchouc n’étaient pas atteints, la différence devait être était payée en mains coupées. Les soldats de la FP pouvaient toucher des bonus ou un raccourcissement du temps de service en fontion du nombre de mains coupées récoltées.

- 1887 : Hamed bin Mohammed aka Tippo Tipo, commerçant esclavagiste notoire venu de Zanzibar, est nommé gouverneur du district des chutes Stanley dans l’État indépendant du Congo et sert de guide aux hommes de Leopold II pour notamment le traffic d’ivoire. Tippo Tipo contrôlait tout l’Est du territoire congolais (une partie du Maniema, le Kivu, une partie du Haut Katanga et aussi l’actuel Ouganda)

– Jan 1888: création de la Force Publique
– Jan 1891: début de l’exploitation intensive de l’ivoire et du caoutchouc
– Jan 1894: campagne militaire des hommes de Leopold II pour récupérer le contrôle à l’Est, non seulement sur Tippo Tipo mais également sur les forces britanniques de Cecil Rhodes, gouverneur d’Afrique du Sud. Les Tetela vont combattre aux côtés de Tippo Tipo

– Oct 1892: Leopold crée deux Compagnies qu’ils confie à ses amis. La Compagnie du Kasaï, chargée d’expoiter le caoutchouc et la Compagnie de L’État Indépendant du Congo qui exploite principalement l’ivoire. Biensûr, il offre carte blanche à ses amis qui sont libres d’exploiter les hommes comme ils l’entendent. Se met alors en place un système esclavagiste violent et cruel sans précédent qui entraînera la mort de millions de Congolais.

– 1893: Leopold II fait du territoire exploré de Congo, environ 259 000 km2, Domaine de la Couronne.
– Janvier 1895: Premières immatriculation des Congolais au registre des civilisés
– Janvier 1897: La culture du cacao et du coton, désormais “cultures gouvernementales”, est imposée sur le peuple congolais
– c. 1900:
* Armés de fusils, les Chokwe mettent fin à l’empire Lunda
* Extinction du royaume du Katanga
– 1907: 1er diamant trouvé au Kasayi
– 15 Nov 1908: Annexion de la Belgique; le roi Léopold II cède l’EIC à la Belgique, naissance du Congo belge, charte coloniale pour la gestion du Congo et scandales dans la presse belge.

* Les spécialistes estiment qu’entre 1880 et 1924, date du premier recensement, la baisse de la population du Bassin Congo se situe entre 15 à 50%. La population en Afrique est estimée à l’époque entre 90 et 130 millions (aujourd’hui, 1.1 milliard). À la même époque en Europe, la population est de 290 millions (aujourd’hui, plus de 740 millions) et la population mondiale de 1.7 milliard (aujourd’hui plus de 7 milliards).

– 1911: Le Katanga est relié à l’Afrique du Sud par chemin de fer
- 1940: Entrée en guerre du Congo aux côtés des alliés. La FP remporte des victoires notamment en Éthiopie contre les forces italiennes.
– 1948: instauration d’un salaire minimum légal
– 1950: Fondation de L’ABAKO (Association des Bakongo pour l’unification, la conservation et l’expansion de la langue Kikongo) par les séminaristes Joseph Kasa-Vubu et Nzeza Landu
– 1956: Publications de trois manifestes, Conscience Africaine de Joseph Malula (futur cardinal de Kinshasa), la Déclaration de l’Épiscopat du Congo Belge et le Contre-Manifeste de l’ABAKO de Joseph Kasavubu.
– 1959: émeutes à Léopoldville pour l’indépendance
– 30 Juin 1960: Commence une époque très tumultueuse, appelée Crise du Congo, qui est bien illustrée dans plusieurs documentaires intéressants que vous vouvez trouver sur ce site

* Indépendance du Congo.
* Instauration de l’hymne “Debout Congolais”
* Instauration de la Première République
* Instauration du Franc Congolais
* Joseph Kasa-Vubu devient président de la République du Congo
* Patrice Lumumba, devient Premier Ministre et Ministre de la Défense. Très dur et peu enclin à concéder quoi que ce soit à ses anciens colons, il se crée facilement des ennemis.

– 1 Juillet 1960: Sécession du Katanga
– Juillet 1960: Mobutu devient secrétaire d’État du gouvernement indépendant de Patrice Lumumba, qu’il considère alors comme son mentor
– 11 Juillet 1960: Sécession de la province du Katanga, annoncée par Moïse Tshombe
– 14 Juillet 1960 :
* Kasavubu et Lumumba rompent la diplomacie avec la Belgique

* Le Conseil de Sécurité de l’ONU convoqué par Dag Hammarskjöld, Secrétaire Général des Nations Unies de l’époque, vote la Résolution 143 qui envoie des troupes de soutien au Congo mais qui n’interviennent pas militairement au Katanga. La crise s’amplifie.

– 8 Août 1960: Sécession du Sud-Kasayi, proclamé État Minier avec pour capitale Bakwanga (actuelle Mbuji-Mayi), président, Albert Kalonji et Joseph Ngalula pour chef du gouvernement.

* À cette époque, Lumumba se tourne vers l’URSS pour avoir de l’aide (peut-être sa plus grande erreur) c’est à ce moment là que la CIA, convaincu que Lumumba est communiste, décide d’agir. Elle réussi facilement à convaincre un Mobutu avide d’argent et de pouvoir de trahir son ami et mentor.

– 10 Oct 1960: Lumumba est placé en surveillance protégé.
– 1er Déc 1960: Lumumba tente de s’évader mais est arrêté à nouveau à Port-Francqui, Kasayi Occidental, République du Congo.

- 17 Janvier 1961: Sur ordre de la CIA avec la complicité de la Belgique, Mobutu fait assassiner son ancien mentor Patrice Lumumba, en le livrant au gouvernement Katangais, à l’époque dirigée par Tshombe. D’abord séquestré et torturé avec deux de ses compagnons à la Maison Brouwez, dans la nuit, ils seront emmenés dans la savane katanagaise où ils seront exécutés entre 21h40 et 21h43 (d’après le rapport d’enquête Belge) de plusieurs balles chacun, en présence de Moïse Tshombe et de plusieurs de leur ministres. Le corps de Lumumba sera brûlé puis les restes dissous dans l’acide. Un de ses bourreaux à conserver une de ses dents en souvenir.

– 7 Sept 1962: Albert Kalonji s’évade de prison
– 14 Jan 1963: Le Katanga se rallie de force au pouvoir central.
* Exil de Tshombe vers la Zambie puis l’Espagne
– 22 août 1964: Fondation du PALU (Parti lumumbiste unifié)
– 24 Nov 1965: Colonel Joseph Mobutu prend le pouvoir par un second coup d’État et renverse pour de bon Kasa-Vubu. La CIA et la communauté internationale ont laissé faire car Mobutu leur assurait que leurs intérêts ne seraient pas compromis. Il s’octroie alors tous les pouvoirs et cumule les fonctions de Président, Premier Ministre, Chef de l’Armée et Législateur. Suite à des voyages en Chine et en Corée du Nord, il instaure au Congo son propre culte de la personnalité.
– 1966 :
* Mobutu accuse de trahison Tshombe qui s’exile à nouveau vers l’Espagne
* Nationalisation des ressources minières au Kasayi et au Katanga
– 1967 : Introduction du Zaïre. 1Z = 2USD = 100K (100 makuta). valeur réajustée à son taux réel par la suite
– mars 1967: Moïse Tshombe est condamné à mort par contumace.
– 20 mai 1967: Fondation du MPR (Mouvement Populaire de la Révolution) par Joseph-Désiré Mobutu, dont tous les Congolais étaient membre de par la loi et ce, dès leur naissance, qui a servi d’outil pour propager le mobutisme, ‘la pensée, les enseignements et les actes du président-fondateur du MPR’ dans le texte.
– 30 Juin 1967: Francis Bodeman, homme d’affaires, détourne vers Alger, sur ordre direct de Mobutu (il l’a confié en interview), l’avion dans lequel se trouve Moïse Tshombe.
– 24 Mars 1969: Décès de Joseph Kasa-Vubu par manque de soins car alors en résidence surveillée à Boma, dans le Bas-Congo
– 29 Juin 1969: Moïse Tshombe meurt ‘officiellement’ d’une crise cardiaque alors qu’il est emprisonné en Algérie.
– 27 Oct 1971: recours à l’authenticité grâce au lancement de la Zaïrianisation du Congo qui rejette l’héritage des colons. Toutes les villes, fleuves et autres institutions sont rebaptisés.
* Joseph Mobutu change de nom et devient Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga
– 27 Oct 1971: Instauration de l’hymne national “la Zaïroise”
– 29 Oct 1971: Instauration de la République du Zaïre
– 1982 : Fondation de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social)
– 1989: Début du déclin de Mobutu. Avec les fins de la guerre froide les alliés d’hier prennent leur distance avec Mobutu, y trouvant plus des embarrassements que des avantages. Même son grand ami Nicolae Ceaușescu, le dictateur roumain, est exécuté le 25 décembre à Târgoviște à 50 km de Bucarest.
– 24 Avr 1990: Mobutu annonce la démocratisation de son régime. Il quitte la tête du MPR et autorise le multipartisme
- Déc 1992: Conférence Nationale visant à rédiger une nouvelle constitution pour remplacer celle de Luluabourg (1964). C’est un échec.
– 23 et 24 Sept 1991: Pillage par l’armée de magasins et de dépots industriels
– 29 Sept 1991: Tshisekedi Premier Ministre d’opposition du président Mobutu

- 16 Fév 1992: Répression dans le sang de ‘La marche de l’espoir’ organisée par les chrétiens de Kinshasa.
– 15 Août 1992: Tshisekedi Premier Ministre d’opposition du président Mobutu, élu par les membres de la Conférence Nationale
– 1992: 1 990 000 Z = 1 USD
– Jan 1993: Les militaires étant payés avec les nouveaux billets de 5 millions de Zaïres, une tension se crée alors que les commerçants refusent ce billet comme paiement. Cette tension atteint son apogée le 28 janvier quand des militaires des FAZ (Forces Armées Zairoises) pillent la ville. Deux mille personnes tuées à Kinshasa dont l’ambassadeur de France, Philippe Bernard.
– 5 Fév 1993: Mobutu demet Tshisekedi de ses fonctions de Premier Ministre
– 1er Oct 1993: Introduction du Nouveau Zaïre. 3 millions d’anciens Zaïres valent 1 nouveau Zaïre
– Juil 1994: Entre Avril et Juillet, les autorités rwandaises Hutu décident d’exterminer les Tutsis. Tout Hutu s’interposant est executé comme traitre à la cause Hutu. Il est estimé que les authorités Zaïroises ont acceuilli à cette période près d’un million et demi de ‘réfugiés’ suite au génocide commis au Rwanda. Victimes et bourreaux ont été acceuillis car il a été difficile de faire la différence. Fin Juillet, les Tutsis reprennent le pouvoir mais accusent les Hutus réfugiés au Zaïre de continuer à tuer les Tutsis dont les Banyamulenge, Tutsis installés au Congo depuis des générations.
– 6 Jul 1994: Kengo Wa Dondo (UDI) Premier Ministre du président Mobutu pour la troisième fois


– 1996 :
* Paul Kagame, Vice Président Rwandais, attise les tensions. La région des grans lacs reste instable
* Mobutu est atteint d’un cancer de la prostate
– 31 Août 1996: Première guerre du Congo
– Été 1996: La coalition AFDL (‘Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) est formée
– 7 octobre 1996: Le gouverneur du Kivu décrète les Banyamulenge persona non-grata. S’en suivent des affrontements entre le FDR et AFDL alliés contre le FAZ. First_Congo_War
– 2 Avril 1997: Tshisekedi (UDPS) Premier Ministre d’opposition du président Mobutu pour la troisième fois
– 9 Avril 1997: Likulia Bolongo nommé Premier Ministre (jusqu’au 16 May 1997 où le poste est aboli)
– 17 Mai 1997:
* Laurent-Désiré Kabila devient président de République Démocratique de Congo
* re-instauration de l’hymne “Debout Congolais”
– 7 Septembre 1997: Décès de Mobutu du cancer de la prostate à Rabat au Maroc
– Juin 1998: Ré-introduction du Franc Congolais. 1CDF = 0,72USD
– 2 Août 1998: Seconde guerre du Congo
– 30 Septembre 1998: Fondation du MLC (Mouvement de Libération du Congo) par Jean-Pierre Bemba
– 18 Janvier 2001: Assassinat de Laurent-Désiré Kabila dans des circontances suspectes par un de ses gardes du corps. Il n’y eut pas d’interrogatoire puisque le tireur lui-même a été tué dans les secondes qui suivirent.
– 2002: Fondation du PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie)
– 2006 :
* Fondation du MSR (Mouvement Social pour le Renouveau) par Pierre Lumbi
* Fondation du PDC (Parti Démocrate Chrétien) par José Endundo Bononge
– 30 Decembre 2006: Antoine Gizenga est nommé Premier Ministre
– 8 Janvier 2007: Fondation de l’UDEMO (Union des démocrates mobutistes) par François-Joseph Mobutu Nzanga Ngbangawe, fils de Mobutu et de Bobi Ladawa.
– 25 Septembre 2008: 561,320CDF = 1USD
– 10 Octobre 2008: Adolphe Muzito (PALU) est nommé Premier Ministre
– 6 Mars 2012: Louis Koyagialo (PPRD) est appointé Premier Ministre intérimaire
– 18 Avril 2012: Augustin Matata Ponyo Mapon est nommé Premier Ministre de Joseph Kabila

  CONFÉRENCE DE BERLIN 1884


TRAÇAGE FRONTIÈRES CONGO BELGE ANGOLA PORTUGAIS

 

         

L’élaboration des cartes topographique et le bornage des fron-tières furent un travail confié aux spécialistes de l’armée

La Conférence

La Conférence de Berlin, également connue par son nom allemand Kongokonferenz (Conférence du Congo), a été réalisée entre le 15 Novembre 1884 et le 26 Février 1885, à Berlin, la capitale du II Reich de l`Empire Allemand.

PAYS PARTICIPANTS

Empire Allemand
République Française
Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d’Irlande
Royaume de la Danemark
Royaume des Pays-Bas
Royaume de l´Espagne
Royaume de l`Italie
Royaume de Portugal
Royaume de la Belgique
Empire de l`Autriche
Royaume de Suède et de Norvège
Empire Ottoman
États-Unis d’Amérique.

Son objectif principal était celui d’organiser et aussi de définir, à travers de la création des réglementations spécifiques, des critères et des formes d’occupation de l’Afrique par les grandes puissances coloniales de l’époque.

         

Ce qui caractérise surtout cette époque, c’est la participation de tous les Belges expatriés à la connaissance de l’Afrique Centrale dans toutes ses dimensions scientifiques. On les incite d’ailleurs à cette participation. Ainsi, les fonctionnaires, les missionnaires, les officiers ou les agents de compagnies privées recueillent souvent toutes sortes d’information ethnographiques, des collections anthropo-logiques, botaniques ou entomologiques ; d’autres se spé-cialisent même dans des études linguistiques et l’Etat favorise la publication de leurs lexiques. Il faut souligner ici que les Belges furent les seuls européens en Afrique à imposer à leurs fonctionnaires la connaissance des langues locales.

La première étude sur l’anthropologie préhistorique qui traite de l’âge de la pierre au Congo, parut vers 1899 et fut l’œuvre de M. Stainier. Une des premières relations de voyage fut le livre abondamment illustré de Ch. Liebrechts (1883-1889). Mais c’est le récit du directeur du Musée d’Histoire naturelle, E. Dupont (Lettres sur le Congo) publié à Paris en 1889 qui fera prendre conscience des immenses possibilités naturelles de l’Etat Indépendant du Congo. Il y traite de botanique, d’ethnographie, mais surtout de géologie et il y présente une première esquisse géologique du Congo. Les grandes expéditions géologiques vont donc se succéder : le Marinel (1890), Stairs (1891), Delcommune (1891-1893) et Bia-Francqui (1891-1893) au cours de laquelle l’ingénieur Cornet fera des découvertes importantes. Ensuite vint la mission de Buttgenbach à l’issue de laquelle celui-ci publia des conclusions très optimistes relatives à l’exploitation minière, dans la Revue universitaire des mines en 1906.

Les expéditions géographiques se succédèrent également car il n’existait aucune carte du pays. Des officiers s’attacheront spécialement à cette tâche, notamment les capitaines Delporte et Gilles qui détermineront les coordonnées exactes du fleuve Congo (1890) tandis que les capitaines Cabra et Lemaire fixeront les frontières géographiques de l’Etat et effectueront toutes les triangulations nécessaires (1897,1898). L’épouse du capitaine Cabra accompagnera son mari dans cette mission. Elle sera la première femme européenne à traverser l’Afrique de part en part. Rentrée au pays, elle donnera toute une série de conférences qui auront une influence essentielle sur le départ des femmes belges pour rejoindre leur mari en Afrique.

Les universités participeront activement à cette saga scientifique comme le montre le tableau ci-dessous. Missions et prospections scientifiques de professeurs des universités belges dans l’Etat Indépendant du Congo.

         

Conférence de Berlin 1885 - La ruée sur l'Afrique from kntr on Vimeo.



Professeurs
Epoque Université
Objet de la recherche
Brien, V 1906 Bruxelles Poly Géologie technique
Buttgenbach 1902-1907 Liège, Faculté Géologie des sciences
De Jonghe,A 1902 Louvain, Inst. Ethnographie Commerce
Denyn,V 1904-1905 Louvain, Inst.Commission d’enquête Commerce
Didderich,N 1890-1901 Louvain, Inst. GéologieCommerce
Fontainas,P 1906-1907 Louvain, Inst. Chemin de fer, mines Commerce
Gehr,A 1894-1905 Bruxelles, Fac. Magistrature Droit
Vandervelde,E 1908 Bruxelles,
Faculté de Droit


Willems, E. 1896-7 Bruxelles Ec. Sciences sociales Pédagogie

ANGELA MERKEL DEMANDE PARDON À TOUS LES AFRICAINS POUR LA CONFÉRENCE DE BERLIN (21 novembre 2016 )

 

 

         

La conférence de Berlin qui avait regroupé 14 pays occidentaux avait pour but de se partager le continent africain. Elle s’est tenue à Berlin le 15 Octobre 1884 et est le début d’un long et pénible cauchemar pour le continent africain.

C’est le début d’une longue et dure période d’imperialisme. Cette tendance à domination morale, psychique et intellectuelle a été un frein pour l’émergence socio-économique du continent.

Jamais les droits de l’homme n’ont été autant violés, s’en est suivi les crimes, les génocides, la famine. Causant la mort de millions d’africains. Ces hommes qu’on obligeait à assister à l’assassinat des membres de leur famille, des femmes violées, des enfants victimes d’abus sexuels.

Sans suivi psychologique ou mesure d’accompagnement, certains de ces hommes étaient victimes de pathologies qui sont dues aux séquelles de ces crimes mémoriels ( troubles de borderline, schizophrénie, troubles bipolaire).

132 ans plus tard l’Allemagne fait preuve de raison et accepte enfin le rôle qu’elle a joué déjà pour avoir abrité cette abominable conférence mais aussi pour s’être impliqué dans plusieurs autres atrocités faite au continent africain (le génocide du hereros en Namibie par exemple).

La chancelière Angela Merkel a fait part de ses excuses au nom de toute l’Allemagne « l’Allemagne présente ses excuses au nom de tout le peuple allemand, pour cette conférence qui était le point de départ d’un des plus grands et des plus longs massacres de l’histoire »

Geste acceptable car tout comme ses paires elle pouvait ne pas se prononcer. Le pardon ne guérit certe pas la bosse mais l’Afrique vaut beaucoup mieux que ça et possible ou impossible, le pardon nous tourne vers le passé. Car Il y a aussi de l’avenir dans le pardon.

NegroNews

Quelques commentaires des internautes :

Trop facile la Belgique a fait la même chose pour le Congo Kinshasa sans résultat c'est sont juste des mots. Les juifs ont étaient indemnisé et jusqu'à maintenant Ils sont protégés. Mais quand a l'Afrique rien en plus Du génocide ils nous impose la dette coloniale et finance les guerres en Afrique donc faut arrêté. Qu'elle commence déjà à dire à ses collègues d'arrêté leurs hypocrisies. La patrie ou la mort NOUS vaincrons!!!

Qu'on nous laisse ce charabia bla bla bla xa cest pas du pardon cest de l'hypocrisie. Si par contre elle se soucie juste un peut qu'elle demande à la France de nous libéré de cette monaie qui est le franc CFA.. Les qui ont voté à lotan pour la destruction de la lybie. Bla bla bla

Tchip ! Blagamas !! Oui et alors ? Vous faites quoi pour réparer ? Bande d'hypocrites.......Padon paka géri bòs....

Source : http://negronews.fr/2016/11/21/actualite-angela-merkel-demande-pardon-a-tous-les-africains-pour-la-conference-de-berlin/

         

Kanga Mansa Moussa - l'empire du Mali de 1312 à 1332 ou 1337 ///// Behanzin le reve inacheve – partage de l’afrique

         

         

  L’impact de la révolution haïtienne sur le monde noir (Partie 1 : l’état d’esprit des Noirs d’Amérique)

 

         

Le 1er Janvier 1804 était proclamée l’indépendance d’Haïti, qui devenait alors la première république noire de l’histoire. Ce qui est moins connu est que cette révolte a donné de l’espoir à nombreux autres esclaves dans les Amériques, créant en quelque sorte l’espoir d’une libération de tous les Noirs du continent. Dans cette première partie, nous allons insister sur l’impact de cette révolution sur le mental des autres Noirs d’Amérique.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Puisque certains d’entre nous faisaient la fête comme des pochetrons le 1er janvier, sachons qu’il y a exactement 211 ans, nos ancêtres haïtiens se réjouissaient d’avoir fait la fête aux colons français, concluant ainsi la plus réussie des révoltes d’esclaves de l’humanité et faisant passer celle de Spartacus pour une manif de Besancenot sur les Champs Elysées.

Le plus étonnant dans cette histoire n’est pas que beaucoup d’entre nous ne le sachions pas 211 ans après, mais que cette nouvelle se soit répandue et ait galvanisé des Noirs des Amériques très peu de temps après.

Ainsi par exemple, à Rio de Janeiro au Brésil, dès 1805, l’année suivant l’indépendance d’Haiti, des esclaves brésiliens ont été décrits comme portant des colliers avec des pendentifs à l’image de Jean-Jacques Dessalines, premier gouverneur général d’Haïti en hommage à la révolution haïtienne.

En Jamaïque, un mois après le début de la révolution haïtienne en 1791, des esclaves chantaient des chanson à propos d’elle. Un maître de la colonie avait déclaré à leur sujet : « les idées de liberté avaient tellement pénétré l’esprit de tous les Nègres que si les plus grandes précautions ne sont pas prises, ils vont se soulever. » Les Noirs de Jamaïque parlaient de tuer tous les Blancs et de se partager leur territoire et disaient que « les Nègres français (les Haïtiens) étaient des (vrais) hommes. »

A Cuba, le Noir émancipé José Antonio Aponte, qui avait prévu d’organiser une révolte en 1812, s’était inspiré d’Haiti et montrait à ses troupes de rebelles des portraits de Toussaint Louverture, de Jean-Jacques Dessalines et d’Henry Christophe pour les galvaniser.

Aux Etats-Unis, des chansons étaient chantées en l’honneur des Haïtiens suite à leur victoire, les noms des héros haïtiens donnés comme prénoms à leurs enfants et plus important encore, près de 13000 Afro-Américains émigrèrent pour Haïti après 1820 une destination qui paraissait plus proche de leur réalité américaine que l’Afrique de l’Ouest. Chez les Euro-Américains toutefois, notamment ceux du sud du pays qui pratiquaient toujours l’esclavage, la peur d’une extension de la révolution haïtienne à tous les esclaves des Amériques allait créer un profond sentiment anti-haïtien qui allait se perpétuer jusque dans les années 70 où des réfugiés du régime de Duvalier allaient se faire refuser le statut de réfugiés politiques par le gouvernement américain. On notera malheureusement que bien que l’admiration initiale des autres Noirs des Amériques pour les Haïtiens se soit aujourd’hui souvent transformée en une xénophobie glorifiant ceux qui sont restés sous tutelle européenne et diabolisant ceux s’en étant libérés.

Restez à l’écoute sur Nofi, un deuxième article arrive très bientôt et nous montrera les révoltes des autres Noirs des Amériques directement entraînées par la victoire des Haïtiens sur les armées de Napoléon.

Source : http://nofi.fr/2015/01/limpact-de-la-revolution-haitienne-sur-le-monde-noir-partie-1-letat-desprit-des-noirs-damerique/8379

DISCOURS DE TOUSSAINT LOUVERTURE

Discours de Toussaint Louverture le 29 août 1793

« Frères et amis. Je suis Toussaint Louverture, mon nom s’est peut-être fait connaître jusqu’à vous. J’ai entrepris la vengeance de ma race. je veux que la liberté et l’égalité règnent à Saint-Domingue. Je travaille à les faire exister. Unissez-vous, frères, et combattez avec moi pour la même cause. Déracinez avec moi l’arbre de l’esclavage.
Votre très humble et très obéissant serviteur, Toussaint Louverture, Général des armées du roi, pour le bien public ».

Discours de Wendell Phillips

Décembre 1861, à New York et à Boston

Je me suis engagé à vous donner une esquisse, faite depuis quelques années, de la vie d’un homme, qui fut l’un des plus remarquables de la dernière génération, du grand chef de Saint-Domingue, Toussaint Louverture, noir pur, dont les veines ne contenaient pas une seule goutte de sang blanc. Cette esquisse est à la fois une biographie et un argument. C’est une biographie fort écourtée, bien entendu, d’un noir soldat et à la fois homme d’état, et je vous la présenterai comme un argument en faveur de la race à laquelle il appartient. Je me propose donc de faire ce soir la comparaison des races et de poser leurs mérites, d’entreprendre une tâche qui vous paraîtra peut-être absurde, mes efforts ayant pour but de vous prouver que la race noire, au lieu d’être pour nous un objet de pitié et de mépris, a assez de titres, au contraire, devant le jugement de l’histoire, pour occuper une place auprès de la race anglo-saxonne.
Les races doivent être jugées de deux manières: par les grands hommes qu’elles produisent, et par la moyenne des mérites que possède la masse du peuple. Nous, Saxons, nous sommes fiers d’avoir eu des Bacon, des Shakespeare, des Washington, des Franklin, étoiles que nous avons placées au milieu des pléiades historiques des grands hommes, et nous nous trouvons ensuite avec ses grandes qualités, de source germanique.

Il y a aussi trois épreuves par lesquelles les races veulent être jugées: la première, la base de toutes les autres, c’est le courage, l’élément qui nous fait dire ici aujourd’hui « Ce continent est à nous depuis les Lacs jusqu’au Golfe. Malheur à qui tenterait de le diviser »; la seconde, c’est la conviction que la force est doublée quand elle est soutenue par la résolution, la liberté réglée par la loi, tel est le secret du progrès des Saxons; la troisième, c’est la persévérance, la constance: la résolution d’abord, puis le succès ou la mort. De ces trois éléments est formé l’élan saxon qui porta notre race à l’avant-garde de la civilisation.
Pendant cette heure que vous me consacrez ce soir, je fais un effort suprême pour vous convaincre qu’au lieu de figurer au bas de la liste, le sang noir jugé, soit au point de vue de ses grands hommes ou des ses masses, soit par son courage, par sa résolution ou par sa constance, le sang noir a droit à une place aussi rapprochée de nous que tout autre sang inscrit dans l’histoire. Pour sujet de ma thèse, je prends l’histoire d’une île, d’une étendue à peu près égale à la Caroline du Sud, le troisième point ou Colomb mit le pied en Amérique. Charmé par la magnificence du paysage et par la fertilité du sol, il lui donna le nom le plus aimé, Hispaniola, la petite Espagne. Son successeur, plus dévot, le rebaptisa du nom de Saint-Domingue. Lorsque les noirs, en 1803, balayèrent de sa surface notre race blanche, ils effacèrent avec elle sa dénomination, et l’île entra dans l’année 1804 sous son ancien nom d’Haïti, terre de montagnes.

A l’origine, aux premiers temps de son commerce, elle fut occupée par des flibustiers français et espagnols, quelque chose comme les pirates de nos jours. L’Espagnol en prit les deux tiers, à l’est; le Français, le tiers, à l’ouest, et ils y établirent peu à peu leurs colonies. La partie française, à laquelle appartient mon histoire, devint la colonie favorite de la mère-patrie. Munie d’importants privilèges, enrichie par les rejetons de familles opulentes, aidée par l’incomparable fertilité du sol, elle devint de bonne heure le plus riche joyau de la couronne des Bourbons, et, dans la période sur laquelle j’appelle votre attention, vers l’époque de notre Constitution, 1789, ses richesses étaient presque incroyables.

La race blanche, efféminée, rivalisait, par ses goûts, avec les sybarites de l’Antiquité; sa vie de mollesse et de luxe éclipsait les splendeurs de Versailles, et ses dépenses somptueuses ne peuvent être comparées qu’aux plus folles prodigalités des Césars. A cette époque, l’île contenait environ trente mille blancs, vingt à trente mille mulâtres, et cinq cent mille esclaves. La traite se faisait activement. On y importait environ vingt-cinq mille noirs par an, et cette importation suffisait à peine à remplir les vides que laissait dans leurs rangs la culture mortelle de la canne, pour la production d’une année. Les mulâtres étaient, comme chez nous, les fils des planteurs; mais les planteurs français n’oubliaient jamais, comme il arrive parmi nous, que les fils de la femme esclave étaient leurs fils. Hors leur nom, ils leur donnaient tout: fortune, riches plantations et troupeaux d’esclaves; ils envoyaient les jeunes gens à Paris, pour y faire leur éducation, et ils faisaient venir les professeurs les plus distingués pour instruire leurs filles. De cette manière, en 1790, la race des mulâtres se trouvait en possession dans l’île, d’un quart des biens meubles et d’un tiers des propriétés foncières. Mais, malgré son éducation et sa richesse, le mulâtre, comme chez nous, devait s’incliner sous le joug. Soumis à des contributions exceptionnelles, il ne pouvait occuper aucun emploi public, et s’il était convaincu d’un crime, il était puni d’un double châtiment. Son fils ne pouvait pas s’asseoir, à l’école, sur le même banc que les fils des blancs. Il ne pouvait pas entrer dans une église où un blanc était en prières; il était obligé, s’il arrivait à la ville à cheval, de mettre pied à terre et de conduire sa monture par la bride, et après sa mort, son corps ne pouvait pas reposer sous la même poussière où gisaient les restes d’un blanc. Telles étaient la race blanche et la race mulâtre; un voile léger de civilisation sous lequel apparaissait la queue épaisse et noire de cinq cent mille esclaves.

Ce fut sur cette population, [le blanc livré aux plaisirs des sens, le mulâtre d’autant plus vivement blessé par sa dégradation qu’il était plus éclairé et plus opulent, l’esclave sombré et taciturne, impassible à des luttes et à des perturbations qui passaient dans l’atmosphère, au-dessus de sa tête], ce fut sur cette population qu’éclata en 1789, aux éclairs de la foudre, la tempête de la Révolution Française. Les premières paroles qui arrivèrent à l’île furent celles dont composa sa devise le club jacobin: « Liberté, Egalité ». Le blanc les écouta en frémissant d’épouvante. Il venait de lire que le sang coulait dans les rues de Paris. L’esclave les entendit avec indifférence; le choc avait lieu dans les régions supérieures, entre des races différentes de la sienne et qui ne le touchaient pas. Les mulâtres les reçurent avec une joie que ne put réprimer la crainte des autres classes. Ils formèrent, à la hâte, des assemblées, envoyèrent à Paris une commission pour représenter leur corps tout entier, firent déposer à la barre de l’Assemblée Nationale le libre don de six millions de francs et engagèrent le cinquième de leurs revenus annuels pour le paiement de la dette de la nation. Ils demandèrent seulement, en retour, que le joug de mépris qui pesait sur eux comme hommes et comme citoyens fût à jamais brisé.

Vous pouvez vous imaginer facilement quelles félicitations Mirabeau et Lafayette prodiguèrent aux mulâtres libres des Indes Occidentales, qui s’annonçaient par ces magnifiques présents, et comment dut être reçue leur pétition en faveur de l’égalité des droits civils par une Assemblée décidée à déclarer que tous les hommes étaient égaux. L’ Assemblée se hâta d’exprimer sa gratitude et expédia un décret qui commence ainsi: « Tous les Français, nés libres, sont égaux devant la loi. » Ogé, mulâtre élevé à Paris, fils d’une riche mulâtresse, était, à cette époque, lieutenant-colonel au service de la Hollande. Il était l’ami de Mirabeau et le camarade de tous les chefs du Parti Républicain. Il fut chargé de porter à la colonie le décret et le message de la démocratie française. Il y débarqua. Le décret de l’Assemblée Nationale fut déposé sur le bureau de l’Assemblée Générale de l’île. Un vieux planteur le saisit, le mit en pièces, le foula aux pieds, et jura par tous les saints du calendrier, que l’île s’engloutirait sous les flots avant que les blancs ne livrassent leurs droits à des bâtards. Ils prirent un mulâtre, riche à millions, qui, se fondant sur le décret, réclamait ses droits, et ils le firent pendre. Un avocat blanc, septuagénaire, qui avait rédigé la pétition fut pendu à ses côtés. Ils s’emparèrent d’Ogé, le conduisirent au supplice de la roue, le firent traîner et écarteler, et les lambeaux de son corps furent pendus aux potences des quatre villes principales de l’île. L’Assemblée, alors, s’ajourna.

Il vous sera plus facile de comprendre, qu’à moi de décrire, l’impression que produisit sur Mirabeau et sur Danton la nouvelle que leur décret avait été déchiré et foulé aux pieds par la petite Assemblée d’une colonie insulaire, et que leur camarade avait été broyé et écartelé sur ordre même du gouverneur. Robespierre s’élança à la tribune et s’écria: « Périssent les colonies plutôt qu’un principe ». L’Assemblée confirma le décret et l’envoya une seconde fois pour être exécuté.

Mais les rapports entre nations étaient alors moins faciles qu’aujourd’hui; la vapeur n’avait pas uni les Continents les uns aux autres. Il fallut des mois pour porter ces communications, et pendant que la nouvelle de la mort d’Ogé et du défi lancé à l’Assemblée Nationale arrivait en France, et que la réponse parvenait à Saint Domingue, de graves évènements s’étaient accomplis dans l’île.

A la vue de ces divisions, les espagnols, maîtres de la partie orientale, envahirent le territoire de l’ouest et s’emparèrent de plusieurs villes. Les esclavagistes étaient en grande partie républicains, ils contemplaient, émerveillés, la nouvelle constellation qui venait d’apparaître dans notre ciel septentrional; ils voulaient former un état dans la République, et conspiraient pour l’annexion. L’autre partie était royaliste et se croyant abandonnée par les Bourbons, voulait se soumettre à Georges III. Ils se mirent en communication avec la Jamaïque et en supplièrent le gouverneur de les aider dans leur intrigue. Le gouverneur ne leur envoya tout d’abord que quelques compagnies de soldats. Peu de temps après, le général Rowe et l’amiral Parker furent envoyés avec quelques bataillons et, entrant plus avant dans le complot, le gouvernement britannique envoya le général Maitland qui, à la tête de 4.000 anglais, débarqua au nord de l’île et obtint quelques avantages.

Les mulâtres étaient sur les montagnes dans l’attente des évènements. Ils se méfiaient d’un gouvernement qu’ils avaient sauvé quelques années auparavant, en l’aidant à étouffer une insurrection des blancs et qui, manquant à sa promesse, les avait laisses sans les droits civils réclamés par eux. Abandonné des deux partis, le gouverneur Blanchelande avait fui loin de la capitale et cherché refuge dans une autre ville. Sur ces entrefaites arriva dans l’île le second décret de l’Assemblée Française. Les blancs oublièrent vite leurs querelles. Ils cherchèrent Blanchelande et l’obligèrent à promettre que ce décret ne serait pas rendu public. Le gouverneur, surpris, consentit à cet expédient, et on le laissa libre. Il commença alors à penser que de fait il était déposé et que le gouvernement de l’île échappait aux mains des Bourbons. Il se souvint de l’heureux appel aux mulâtres qui, cinq années auparavant, lui avait permis de dominer une insurrection. Abandonné à présent par les mulâtres aussi bien que par les blancs, il ne lui restait qu’une force dans l’île, les noirs. Ceux-ci se rappelaient toujours avec reconnaissance le Code Noir de Louis XIV, première intervention du pouvoir en leur faveur. Blanchelande fit appel aux noirs. Il envoya une députation aux esclaves. Il était appuye par les agents du comte d’Arbois, plus tard Charles X, qui essayait de faire à Saint-Domingue ce que Charles IX avait fait dans la Virginie (d’où le nom de Vieux Domaines), je veux dire une réaction contre la rébellion de la métropole.

Le gouverneur et les agents royalistes liguèrent et s’adressèrent d’abord à Toussaint. La nature avait fait de cet homme un Metternich, un diplomate consommé! Il désirait, sans doute, profiter de cette offre dont le résultat pouvait être favorable aux siens. Mais, avec assez de prudence pour se prémunir contre un échec. Il voulait risquer le moins possible, tant que les intentions du gouvernement ne seraient point nettement exprimées, manier les choses de telle sorte qu’il fût possible d’avancer ou de reculer suivant les intérêts de sa race. Il s’était plu toujours à mettre en pratique le précepte grec: « Connais-toi, toi-même », et avait étudié à fond son parti. Plus tard dans sa vie, appréciant les qualités de son grand rival, le mulâtre Rigaud, il montra bien qu’il le connaissait lui-même: « Je connais Rigaud, disait-il, un jour, il lâche la bride quand il est lance au galop; et il montre le bras quand il frappe. Quant à moi, je cours aussi au galop, mais je sais où je dois m’arrêter, et quand je frappe, on sent le coup, mais on ne me voit pas. Rigaud ne met en jeu que les oeuvres de massacre et de sang. Je sais autant que lui comment on remue le peuple, mais des que j’apparais, tout rentre dans le calme ».

Il dit donc aux envoyés: « Ou sont vos lettres de créances? ». – « Nous n’en avons point. » – « Je n’ai rien à faire avec vous. » Ils s’adressèrent alors à François et à Biassou, deux autres esclaves, hommes de passions impétueuses, d’intelligence supérieure et de grande influence sur leurs compagnons de servitude. Ils leur dirent: « Courez aux armes; Soutenez le gouvernement; Terrassez d’un côté l’Anglais et de l’autre l’Espagnol »; Et le 21 août 1791, quinze mille noirs commandés par François et par Biassou, et armes dans les arsenaux de l’état, apparurent au sein de la colonie. On croit que Toussaint, malgré son refus de se mettre à la tête du mouvement, désirait vivement leur triomphe, croyant, comme les circonstances le prouvèrent, que le résultat en serait tout au profit de sa race. On suppose qu’il aida François de ses conseils dans cette entreprise, se réservant d’y mêler sa fortune au moment décisif.

C’est là ce qu’Edward Everett appelle l’insurrection de Saint Domingue. Sur une des faces du drapeau, les insurgés avaient inscrit ces mots: « Vive le Roi » et sur l’autre: « Nous réclamons les anciennes lois ». Singulière devise pour une rébellion. En réalité, c’était la passe comitatus(?), c’était la seule armée qui exista dans l’île, la seule force qui eût le droit de porter les armes, et ce qu’elle entreprit, elle l’acheva du coup. Elle rendit à Blanchelande son poste et lui assura la soumission de l’île. Cela fait, les noirs dirent au gouverneur qu’ils avaient créé: « Maintenant, accordez-nous un jour sur sept, donnez-nous le travail d’un jour. Avec le produit nous en rachèterons un autre et avec les deux, nous en obtiendrons un troisième… » C’était le mode d’émancipation préféré à cette époque. Comme il l’avait fait cinq ans auparavant, Blanchelande repoussa cette proposition. « Déposez les armes, leur dit-il, et dispersez-vous »; mais les noirs répondirent: « Le bras qui a sauvé cette île aux Bourbons saura peut-être vous arracher une partie de nos droits », et ils restèrent unis.

Telle est la première insurrection, si l’on peut l’appeler ainsi, de Saint Domingue, la première résolution prise par les noirs, après avoir sauvé l’état, de se sauver eux-mêmes. Laissez-moi maintenant m’arrêter un instant sur certaines considérations. Je vais ouvrir devant vous un chapitre d’histoire sanglant, c’est vrai. Mais qui donna l’exemple? Qui fit sortir de son sépulcre séculaire le hideux châtiment de la roue et broya vivant le mulâtre Ogé, membre à membre? Qui donc étonna l’Europe, indignée, déterra la loi barbare depuis longtemps oubliée, qui ordonnait d’écarteler un corps encore palpitant? Notre race. Et si le noir n’apprit que trop bien la leçon, ce ne sont point nos lèvres qui doivent murmurer des plaintes. Pendant toute la lutte, l’histoire, – elle est écrite, remarquez-le bien, par des mains blanches; le tableau tout entier est fait par le pinceau des blancs, – l’histoire dit que pour une vie que le noir arrachait dans la sanglante et aveugle fureur des batailles, le blanc en immolait trois après le combat, avec toute la froide cruauté de la vengeance. Remarquez aussi que jusqu’alors l’esclave n’avait pris part à la lutte que par ordre du gouvernement, et, même en ce cas, ce fut non pour s’élever lui-même, mais pour maintenir les lois.

A cette époque voici quelle était la situation de l’île: l’Espagnol triomphait à l’Est; L’Anglais était retranché au Nord-Ouest; Les mulâtres attendaient dans les montagnes; Les noirs victorieux occupaient les plaines. Une moitié de l’élément français esclavagiste était républicaine, l’autre moitié, était royaliste. La race blanche se déchaînait contre le mulâtre et le noir; le noir contre l’une et l’autre. Le Français luttait contre l’Anglais et contre l’Espagnol; l’Espagnol contre tous les deux. C’était une guerre de races et une guerre de nations. En ce moment apparut Toussaint L’Ouverture.

Toussaint était né esclave sur une plantation au nord de l’île. C’était un noir pur. Son père avait été pris en Afrique. Et si donc il se trouve, dans ce que je dirai de lui, cette nuit, quelque droit qui excite votre admiration, rappelez-vous que la race noire la réclame toute entière; nous n’avons pas le droit de nous en réserver la moindre part. Il avait alors cinquante ans. Un vieux noir lui avait enseigné à lire. Ses livres préférés étaient Epictète, Reynal, les Mémoires militaires, Plutarque. Il avait appris à son maître, dans les bois, les vertus de certaines plantes, et était devenu médecin de campagne. Sur la plantation, le poste le plus élevé qu’il occupa jamais, fut celui de cocher. A cinquante ans, il entra dans l’armée comme médecin. Avant de partir, il fit embarquer son maître et sa maîtresse, chargea le navire de sucre et de maïs et l’envoya à Baltimore. Jamais depuis, il n’oublia de leur envoyer chaque année les rentes nécessaires à une vie aisée. Je puis ajouter que parmi les principaux généraux, chacun eut à coeur de sauver l’homme sous le toit duquel il était né et de protéger sa famille.

Permettez-moi encore une observation. Si j’avais à vous présenter cette nuit la vie de Napoléon, je la prendrais de la bouche des historiens français qui ne trouvent pas de langage assez riche pour peindre le grand capitaine du dix-neuvième siècle. Si j’avais à vous dire l’histoire de Washington, je chercherais l’inspiration dans votre coeur, qui ne croyez aucun marbre assez pur pour y graver le nom du père de la patrie. Je vais vous rapporter l’histoire d’un noir qui écrivit à peine quelques lignes. Je m’appuierai sur le témoignage suspect des Anglais, des Français, des Espagnols qui tous le méprisaient comme nègre et comme esclave, et qui le haïssaient parce qu’il les avait défaits en plus d’une bataille. Tous les matériels de sa biographie sont fournis par ses ennemis.

Le second fait, dont l’histoire nous parle à propos de lui est le suivant. Au moment où il se présenta au camp, l’armée venait de subir un double outrage. D’abord, les commissaires, convoqués pour assister au comité français, avaient été ignominieusement insultés et renvoyés, et plus tard, lorsque François, leur général, fut appelé à une seconde conférence, s’étant présenté à cheval accompagné de deux officiers, un jeune lieutenant qui l’avait connu esclave, exaspère de le voir en uniforme d’officier, leva sur lui sa cravache et l’en frappa aux épaules. Si ce noir avait été le sauvage qu’on s’est plu à nous dépeindre, il n’eût songé qu’à tirer vengeance de l’insulte en la faisant peser sur ces vingt-cinq mille hommes, qui l’eussent aisément lavée dans le sang des français. Mais le chef indigné retourna silencieux sous sa tente et ce fut seulement vingt quatre heures après que ses troupes connurent l’outrage fait au général. Alors retentit, de toutes parts, le cri: « Mort aux blancs! ». Les noirs avaient quinze prisonniers. Alignés devant le camp, ces malheureux allaient être fusillés. Toussaint qui avait une teinte de fanatique religieux, comme la plupart des grands capitaines, comme Mahomet, comme Napoléon, comme Cromwell, comme John Brown, prédicateur habile autant que brave capitaine, monta sur une colline et s’emparant de l’attention de la multitude: « Frères, s’écria- t-il, ce sang n’effacera pas l’insulte faite à votre chef. Courez là-bas, au camp ennemi. Le sang qui y palpite, dans le coeur des soldats français, peut seul vous en laver. Le répandre là-bas, c’est digne de votre courage, le faire couler ici, c’est plus qu’une lâcheté, c’est une cruauté inutile. » Et il sauva la vie à quinze hommes.

Je ne puis m’arrêter à vous décrire en détail tous ces faits. C’était en 1793. Franchissons un intervalle de sept ans. Arrivons à 1800. Qu’a fait Toussaint? Il a repoussé l’Espagnol sur son territoire, l’y a attaqué, l’a vaincu et a fait flotter le pavillon français sur toutes les forteresses espagnoles de Saint-Domingue. Pour la première et pour la dernière fois, peut-être, l’île obéit à une seule loi. Il a remis le mulâtre sous le joug. Il a attaqué Maitland, l’a défait en bataille rangée et lui a permis de se retirer vers la Jamaïque, et lorsque l’armée française se souleva contre Laveaux, son général, et le chargea de chaînes, Toussaint réprima la révolte, fit sortit Laveaux de prison et le mit à la tête de ses propres troupes. Le français, reconnaissant, le nomma Général en chef. « Cet homme fait l’ouverture partout. » dit quelqu’un. De la, le nom de L’Ouverture, que lui donnèrent ses soldats.

Telle fut son oeuvre de sept ans. Arrêtons-nous un instant, et cherchons la source de sa valeur. Macaulay, vous vous en souvenez, comparant Cromwell à Napoléon, dit que Cromwell montra un plus grand génie militaire, si l’on considère que, jamais avant l’âge de quarante ans, il n’avait vu une armée, tandis que Napoléon, depuis son enfance avait été élevé dans les premières écoles militaires de son temps. Cromwell créa son armée de toutes pièces; Napoléon à l’âge de vingt-sept ans fut placé à la tête des meilleures troupes que l’Europe eût jamais vues. Tous deux furent des triomphateurs; mais ajoute Macaulay, avec de si grands désavantages de son côté, l’Anglais fit preuve d’un génie plus grand. Vous pouvez accepter ou repousser la conséquence; mais vous admettrez au moins avec moi que cette méthode de comparaison est juste. Appliquez-la à Toussaint.

Cromwell n’avait jamais vu une armée avant l’âge de quarante ans; Toussaint ne vit pas un soldat avant cinquante. Cromwell créa lui-même son armée, – avec quoi? Avec des Anglais, le meilleur sang de l’Europe, avec les classes moyennes de l’Angleterre, le meilleur sang de l’île. Et avec cela, qui parvint-il à vaincre? des Anglais, ses égaux. Toussaint créa son armée, avec quoi? Avec ce que vous appelez la race abjecte et méprisable des nègres, avilie par deux siècles d’esclavage. Cent mille d’entre eux avaient été déportés dans l’île depuis quatre ans, et parlant des dialectes distincts, ils étaient à peine capables de s’entendre. Avec cette masse informe et dédaignée, comme vous dites, Toussaint forgea pourtant la foudre, et il la déchargea, sur qui? sur la race la plus orgueilleuse de l’Europe, les Espagnols, et il les fit rentrer chez eux, humbles et soumis; sur la race la plus guerrière de l’Europe, les Français, et il les terrassa à ses pieds; sur la race la plus audacieuse de l’Europe, les Anglais, et il les jeta à la mer, sur la Jamaïque. Et maintenant je le dis, si Cromwell fut un grand capitaine, cet homme fut pour le moins un bon soldat.

Le territoire sur lequel ces évènements avaient lieu était étroit, je le sais; il n’était pas vaste comme le Continent; mais il était aussi étendu que l’Attique qui, avec Athènes pour capitale, remplit la terre de sa renommée pendant deux mille ans. Mesurons le génie, non par la quantité, mais par la qualité. Et notre Cromwell ne fut jamais qu’un soldat; sa réputation ne va pas plus loin. On ne peut lui attribuer une seule ligne du recueil des lois de la Grande Bretagne. Pas un des mouvements de la vie sociale en Angleterre ne trouve sa force d’impulsion dans le cerveau de ce chef d’armée. L’état qu’il fonda s’écroula sur sa tombe et périt tout entier avec lui. Mais, à peine Toussaint prit-il le gouvernail, que le vaisseau de l’état se redressa fièrement sur sa quille, et l’on put voir dès lors un noir aussi merveilleusement doué comme homme d’état que comme génie militaire.

L’histoire dit que l’acte le plus politique de Napoléon fut sa proclamation de 1802, à la paix d’Amiens, alors que, croyant trouver dans la loyauté inaltérable d’un coeur patriote une base assez solide pour fonder un empire, il dit: « Français, rentrez dans vos foyers. Je pardonne les crimes des douze dernières années; j’efface le nom des partis et je fonde mon trône sur l’amour de tous les Français. » Douze années d’une prospérité non interrompue prouvèrent la sagesse de cette mesure. Ceci se passait en 1802. En 1800, le noir avait lancé une proclamation ainsi conçue: « Fils de Saint Domingue, rentrez dans vos foyers. Nous n’avons jamais songé à vous dépouiller de vos habitations et de vos propriétés. Le noir demandait uniquement la liberté que Dieu lui a donnée. Vos maisons vous sont ouvertes; vos terres sont prêtes à vous recevoir. Venez les cultiver ». Et de Madrid, de Paris, de Baltimore, de New Orléans, les planteurs émigrés accoururent chez eux jouir de leurs propriétés, sans autre garantie que la parole inviolable d’un esclave victorieux.

Carlyle a dit excellemment: « Le roi naturel est celui qui fond toutes les volontés dans la sienne ». En ce moment, Toussaint se tournant vers ses troupes – pauvres, affamés, en haillons, -« Allez! leur dit-il; retournez chez vous et défrichez les terres que vous avez conquises. Un état ne peut s’établir solidement que sur l’ordre et l’industrie. Vous ne pouvez acquérir que par le travail, les vertus nécessaires ». Et ils se dispersèrent. L’amiral français qui fut témoin de cette scène dit qu’en une semaine tous les soldats de cette armée se trouvèrent transformés en laboureurs.

Ceci avait lieu en 1800. Le monde attendit encore cinquante ans avant que Robert Pool, en véritable homme d’état, osa lancer dans la pratique, en 1846, la théorie du libre échange. Adam Smith avait fait des théories; les hommes d’état de la France avaient développé des rêves; mais jamais aucun homme à la tête des affaires n’avait osé risquer pareille mesure dans les relations commerciales. L’Europe dût attendre jusqu’en 1846 pour que l’intelligence la plus pratique du monde, celle de l’anglais, adopta la grande formule économique du commerce libre. Mais, en 1800, ce noir avec l’instinct de l’homme d’état, dit au Comite qui sous ses ordres la constitution: « Mettez en tête du chapitre sur le commerce que les ports de Saint Domingue sont ouverts au trafic du monde entier ». Voyant de haut la question des races, supérieur au préjugé aussi bien qu’à l’envie, Toussaint avait formé ce comité de huit propriétaires blancs et d’un mulâtre; pas un officier, pas un noir ne figurait sur la liste, et cependant l’histoire d’Haïti prouve qu’à l’exception de Rigaud, les plus rares talents sont échus toujours en partage aux noirs purs.

C’était aussi en 1800 que l’Angleterre avait souillé, à chaque page, son recueil de lois par l’intolérance religieuse. Aucun Anglais ne pouvait faire partie de la Chambre des Communes, s’il n’avait fait, au préalable, sa communion épiscopale. Dans l’Union, chaque état, excepté Rhodes Island, était infecté de fanatisme religieux. Toussaint était un noir, et vous accusez sa race de superstition; Il n’avait pas d’instruction, ce qui, dites-vous, rend l’esprit étroit; il était catholique, et plus d’un parmi vous affirme que catholicisme est signe d’intolérance. Et cependant,- catholique, noir et esclave, – Toussaint sut se placer à côté de Roger Williams, et il dit à son comité: « Ecrivez, à la première ligne de ma constitution, que je ne fais pas de différence entre les croyances religieuses ».

Et maintenant, Saxon aux yeux bleus, orgueilleux de ta race, reviens avec moi sur tes pas vers le commencement du siècle, et choisis le peuple qu’il te plaira. Prends-le en Amérique ou en Europe; cherche chez lui un homme au cerveau formé par les études de plus en plus élevées de six générations; retire-le des écoles, strictement façonné aux règles de l’entraînement universitaire; ajoute à ces qualités l’éducation la mieux entendue de la vie pratique; dépose sur son front la couronne argentée du septuagénaire, et alors, montre-moi l’homme de race saxonne pour qui son plus ardent admirateur aura tressé des lauriers aussi glorieux que ceux dont les plus implacables ennemis de ce noir ont été forcés de couronner la tête. Habileté militaire rare, connaissance profonde du genre humain, fermeté pour effacer les distinctions des partis et confier la patrie à la volonté de ses enfants, tout cela lui était familier. Il précéda de cinquante ans Robert Pool; Il prit place auprès de Roger Williams, avant qu’aucun anglais, qu’aucun américain n’eût conquis ce droit, et cela se trouve écrit dans l’histoire des états qui furent les rivaux de celui que fonda le noir inspiré de Saint Domingue.

Nous sommes en 1801. Les Français qui étaient restés dans l’île, donnent de l’ordre et de la prospérité qui y régnaient, une idée presque incroyable. On pouvait confier à un enfant un sac rempli d’or, et il pouvait traverser sans danger le pays, de Port-au-Prince à Samana. La paix régnait dans les familles; la fertilité des vallées charmait le voyageur; la végétation escaladait les montagnes; le commerce du monde était représenté dans les ports.

Cependant, l’Europe signait la paix d’Amiens, et Napoléon allait s’asseoir sur le trône de France. Il lança un regard par delà l’Atlantique et, d’un seul trait de plume, effaça les libertés de Cayenne et de la Martinique rendues dès lors à leurs chaînes. Il dit alors à son conseil: « Que ferai-je de Saint Domingue? » Les esclavagistes répondirent: « Donnez-nous-la ». Napoléon se tourna vers l’abbé Grégoire: « Quelle est votre opinion? » dit-il. « Je crois, dit l’abbé, que ces hommes changeraient d’avis, s’ils changeaient de peau ».

Le colonel Vincent, qui avait été secrétaire privé de Toussaint, écrivit une lettre à Napoléon ou il lui disait: « Sire, laissez la colonie telle qu’elle est. C’est le coin le plus heureux de tous vos domaines. Dieu a fait cet homme pour commander; les races se fusionnent dans sa main. Il vous a sauvé cette île. Je sais, – et je l’affirme en témoin, – que, lorsque la République était incapable, même de faire un signe pour l’empêcher, Georges III lui a offert le titre et les revenus qu’il désignerait, s’il consentait à soumettre l’île à la couronne britannique. Il refusa alors, et sauva la colonie à la France ». Napoléon sortit du conseil, et l’on dit qu’il fit cette réflexion: « J’ai là, soixante mille hommes dans l’oisiveté; il faut que je leur trouve quelque chose à faire. » Pour lui, cela signifiait: « Je vais saisir la couronne; je ne puis le faire en présence de soixante mille soldats républicains; il faut leur donner de l’ouvrage loin d’ici ». Les conversations parisiennes du temps donnent un autre prétexte à l’expédition contre Saint Domingue. On dit que les satiriques de Paris avaient baptisé Toussaint le Napoléon noir, et l’ombre du nègre agitait les haines de Bonaparte. Malheureusement Toussaint lui avait adressé une lettre commençant ainsi: « Le premier des noirs au premier des blancs ». La comparaison avait déplu. Vous trouverez, peut-être, le motif un peu futile, mais portez votre pensée, je vous prie, sur le Napoléon qui règne aujourd’hui.

Lorsque dans les épigrammes parisiennes on appela soulouqueries les folles et ridicules dépenses faites par lui à Versailles, rappelant les caprices fantasques de Soulouque, l’empereur noir, Napoléon ne dédaigna pas de donner des ordres spéciaux pour défendre l’usage de ce mot. Les nerfs de Bonaparte s’affectent aisément. Donc, par l’un ou l’autre de ces motifs, Napoléon résolut de sacrifier Toussaint, obéissant ainsi, soit à un élan d’ambition, soit au déplaisir de la ressemblance, – qui pourtant était très réelle. Si l’un des deux imita l’autre, ce fut le blanc. Le noir l’avait devancé de quelques années. Ils furent, certes, très ressemblants et très français, français même, par la vanité commune à tous deux. Vous vous souvenez des orgueilleuses paroles de Bonaparte à ses soldats auprès des Pyramides: « Quarante siècles vous contemplent » De la même façon, Toussaint dit au capitaine français qui le pressait d’aller en France sur sa frégate: « Monsieur, votre navire n’est pas assez grand pour me porter » Bonaparte se trouvait gêné par la contrainte que lui imposait son rang et préférait errer dans le camp revêtu de la redingote grise de Petit Caporal. Toussaint n’aimait pas non plus endosser l’uniforme. Il avait adopté un costume très simple, et portait souvent sur la tête le madras jaune des esclaves. Un lieutenant français le compara un jour à un singe coiffé d’un foulard jaune. Toussaint le fit prisonnier le jour suivant et le renvoya à sa mère, comme un enfant. Comme Napoléon, il pouvait jeûner plusieurs jours de suite, dicter à trois secrétaires, à la fois, et fatiguer quatre et cinq chevaux l’un après l’autre. Circonspect comme Bonaparte, il ne fut donné à aucun homme de découvrir ses projets et de pénétrer ses intentions. Toussaint n’était qu’un nègre. Aussi, cette réserve fut-elle considérée chez lui comme de l’hypocrisie. Chez Bonaparte, nous lui donnons le nom de diplomatie. Il dut pourtant en cette circonstance de faire échouer trois tentatives d’assassinat dirigées contre lui. Les assassins étaient à l’attendre pour tirer sur lui. Quand ils croyaient le trouver au nord de l’île, dans sa voiture, il était dans le sud, à cheval; quand ils le cherchaient chez lui dans la ville, il se trouvait au camp, sous sa tente. Une fois, sa voiture fut criblée de balles, mais il se trouvait à cheval, du côté opposé. Les sept français auteurs du crime furent arrêtés. Ils s’attendaient à être fusillés. Le jour suivant, on célébrait la fête d’un saint; il les fit ranger en ligne devant l’autel et, lorsque le prêtre récita la prière du pardon, il descendit de son siège, la répéta avec lui et permit aux criminels de se retirer, sains et saufs. Il avait cet esprit commun à tous les grands capitaines qui, dans un camp, fait des prodiges. Un jour, où le découragement s’emparait de ses soldats, il remplit un grand vase de poudre, et éparpilla sur elle quelques grains de riz, puis remuant le vase: « Regardez, dit-il, voilà les blancs et voici les noirs. De quoi vous effrayez-vous? » Il avait appris les premiers mots d’une prière catholique en latin, et lorsque ses gens accouraient en grand nombre auprès de lui à la recherche d’un emploi, – comme on dit que cela se pratique même à Washington – répétant ces paroles: « Comprenez-vous cela? », disait-il. « Non, général ». – « Eh! quoi? vous voulez un emploi et vous ne savez pas le latin? Rentrez chez vous, et ayez soin de l’apprendre ».

Toujours comme Napoléon, toujours comme le génie, il avait foi en son pouvoir sur les hommes. Vous vous souvenez qu’au retour de Bonaparte, de l’île d’Elbe, Louis XVIII envoya une armée contre lui. Bonaparte descendit de sa voiture, ouvrit de ses mains son manteau, et présentant sa poitrine à la pointe des baïonnettes, s’écria: « Français, voici votre empereur! », et ses soldats se rangèrent derrière lui, aux cris de: « Vive l’Empereur » Ceci se passait en 1815. Plus de douze ans auparavant, Toussaint, sachant que quatre de ses régiments désertaient et allaient se rendre à Leclerc, tira son épée, la jeta au loin dans l’herbe, courant à travers champs au devant d’eux, et croisant les bras: « Enfants! , leur dit-il, tournerez-vous vos baïonnettes contre moi? » Les noirs tombèrent à genoux, implorant son pardon. Cet homme fut toujours épris par ses ennemis les plus implacables. Aucun d’eux ne lui reproche ni la soif de l’or, ni les passions des sens, ni la cruauté dans l’exercice du pouvoir. Le seul cas dans lequel un critique austère l’accuse de sévérité est le suivant.

Pendant un soulèvement, quelques propriétaires blancs qui, sur la foi de sa proclamation, étaient rentrés dans l’île, avaient été massacrés. Le général Moïse, son neveu, fut accusé d’avoir montré trop de mollesse contre l’émeute. Toussaint le fit comparaître devant un conseil de guerre et, se conformant au verdict rendu, ordonna que son propre neveu soit fusillé, austérité romaine qui prouve sa fidélité à sa promesse de protection faite aux blancs. Donc, ce fut contre cet homme, supérieur à toute convoitise, pur dans sa vie privée et généreux dans l’exercice du pouvoir que Napoléon envoya une armée sous les ordres du général Leclerc. Il donna au mari de la belle Pauline, sa soeur, trente mille hommes de ses meilleures troupes, avec ordre de rétablir l’esclavage. Parmi ses soldats venaient les mulâtres, anciens rivaux et ennemis de Toussaint.

La Hollande prêta soixante navires. L’Angleterre, dans un message spécial, promit sa neutralité, – et vous savez que rester neutre, signifie faire risée de la liberté et prêter des armes à la tyrannie. L’Angleterre offrit donc sa neutralité, et le noir, jetant ses regards sur le monde civilisé, le vit tout entier en armes contre lui. L’Amérique, pleine d’esclaves, lui était hostile, bien entendu. Le Yankee fut le seul à lui vendre quelques méchants fusils à des prix, il est vrai, très élevés. (Rires). Montant à cheval, Toussaint courut à l’extrémité orientale de l’île. Là, il s’arrêta devant un spectacle qu’il n’avait jamais été donné à aucun naturel de contempler avant lui. Soixante vaisseaux de ligne, montés par les meilleurs soldats de l’Europe, doublaient la pointe de Samana. C’étaient des soldats qui n’avaient jamais vu leurs égaux; leurs pas, comme ceux de César, avaient fait trembler le sol européen; ils avaient escaladé les Pyramides et planté le drapeau français sur les murs de Rome. Toussaint regarda un moment, compta les voiles qui passaient, laissa flotter les rênes sur le col de son cheval, et se tournant vers Christophe, s’écria: « La France entière marche contre Haïti; ils ne viennent que pour nous réduire en esclavage. Nous sommes perdus! ». Il reconnut, alors, la seule erreur de sa vie; sa confiance en Bonaparte qui l’avait engagé, en son temps, à licencier son armée.

Retournant aux montagnes, il lança la seule proclamation qui porte son nom et respire la vengeance: « Mes enfants! Notre liberté, la France n’a pas le droit de nous la ravir. Brûlez les cités; détruisez les récoltes; défoncez les chemins, à coups de canon; empoisonnez les sources; montrez au blanc que ce qu’il vient conquérir ici, c’est l’enfer! » Et il fut obéi. . Lorsque le grand Guillaume d’Orange vit la Hollande couverte de troupes de Louis XIV, il s’écria: « Rompez les digues! Rendez la Hollande à l’Océan! » Et l’Europe répondit: « Sublime! » Lorsque Alexandre vit la Russie envahie par les armées françaises, il dit: « Brûlez Moscou! La famine et le froid repousseront l’envahisseur! », et l’Europe s’écria: « Sublime! ». Ce noir vit la coalition européenne prête à écraser sa patrie et donna le même exemple de vigueur et d’héroïsme.

La scène, j’en conviens, devient de plus en plus sanglante, à mesure que nous avançons. Mais, rappelons-le, pour arriver à leur but indigne, pour réduire en esclavage des hommes libres, l’infamie des blancs, inspirée par la haine la plus sombre, n’avait pas reculé devant les artifices les plus honteux et les plus cruels. L’aristocratie est toujours cruelle. Le nègre répondit à cette agression comme on devrait toujours répondre en pareil cas, par la guerre à mort. Tout d’abord en engageant la lutte pour la liberté, il avait été généreux et compatissant; il avait fait merci de la vie et pardonné à bien des ennemis, comme l’a toujours fait le peuple, dans tous les âges et sur tous les lieux, dans les luttes contre les aristocrates. Maintenant, pour sauver la liberté conquise, le noir épuise tous les moyens, il fait feu de toute arme, il retourne contre ses odieux envahisseurs une vengeance aussi horrible que la leur, et pourtant il dédaigne encore d’être cruel.

Leclerc fit annoncer à Christophe qu’il débarquait à la ville du Cap. Christophe répondit: « Toussaint est le gouverneur de l’île. Je dois lui demander autorisation. Si, avant qu’elle n’arrive, un soldat français foule notre sol, je brûlerai la ville et nous combattrons sur ses cendres. »
Leclerc débarqua. Christophe prit deux mille blancs; hommes, femmes, enfants; les fit retirer loin du danger, sur les montagnes, et de ses propres mains mit le feu à un splendide palais que des architectes français venaient à peine de construire pour lui. Pendant quarante heures la ville brûla et fut enfin réduite en cendres. Le combat s’était engagé dans la rue, et les français furent repoussés sur leurs vaisseaux.

Partout où ils se présentèrent, ils trouvèrent devant eux le fer et le feu. Une fois, repoussant une attaque, les noirs, nés français, entamèrent l’hymne des Marseillais. Les français s’arrêtèrent; ils ne pouvaient pas combattre contre la Marseillaise. Ils fussent restés là, étonnés, immobiles, si leurs officiers n’avaient pris le parti de les sabrer. Ils avancèrent alors, et furent battus.

Battu par les armes, le général français eût recours au mensonge. Il lança une proclamation disant: « Nous ne venons pas vous rendre esclaves. Cet homme vous trompe. Toussaint ment. Unissez-vous à nous, et vous jouirez de tous les droits que vous réclamez. » Tous les officiers noirs furent trompés, tous, exceptés Christophe, Dessalines et Pierre, le frère de Toussaint. Encore ceux-ci finirent-ils par déserter, et le laissèrent seul. Il écrivit alors à Leclerc: « Je me soumettrai. Je pourrais empêcher un seul soldat français de jamais s’écarter de votre camp sans péril pour sa vie. Mais, je veux arrêter l’effusion de sang. Je n’ai combattu que pour la liberté de ma race. Donnez-nous cette garantie, et j’irai faire ma soumission. » Il fit le serment d’être fidèle à la France, et Leclerc jura, sur le même crucifix, qu’il serait loyalement protégé et que l’île serait libre. Le général français parcourut tour à tour du regard ses troupes magnifiquement équipées, et les bandes de Toussaint, composées d’hommes mal armés, et en guenilles, lui dit: « Où donc auriez-vous trouvé des armes, L’Ouverture, si vous aviez continué la lutte? » La réponse fut digne d’un spartiate: « J’aurais pris les vôtres. » dit le noir.

Il retourna paisiblement chez lui. On arrivait à la saison des chaleurs. Leclerc pensa que, les mois des fièvres approchant, ses soldats allaient remplir les hôpitaux, et qu’il suffirait d’un signe de cette main souveraine pour jeter ses troupes à la mer. Toussaint était trop dangereux, pour qu’on le laissât en liberté. On l’invita donc à assister à une entrevue, et voici le seul reproche que lui fait l’histoire, le seul, entendez-vous? On l’accuse d’avoir manqué de prudence en allant au rendez-vous. Soit. Que résulte-t-il de ce fait? C’est que, pour tromper le noir, l’homme blanc employa le mensonge et la ruse. Le principe des chevaliers du moyen-âge était positif. La plus grave insulte que l’on puisse infliger à un homme depuis les croisades est de lui dire: « Vous mentez ». Or le général espagnol Hermana, qui connut bien Toussaint, dit de lui: « C’est l’âme la plus pure que Dieu ait jamais donnée au corps d’un homme ». L’histoire lui rend témoignage que « jamais il ne viola sa parole ». Maitland voyageait une fois à travers les forêts épaisses pour rejoindre Toussaint. Il fut accosté en chemin par un messager chargé de lui annoncer qu’il était trahi. Maitland continua sa route et parvint enfin auprès du noir. Toussaint lui montra deux lettres; la première était du général français qui lui offrait le rang qu’il voudrait, s’il lui livrait Maitland; la seconde était sa réponse: « Monsieur, j’ai promis au général anglais qu’il reviendrait chez lui ». Il est donc prouvé que le nègre, loyal comme un chevalier, fut victime des mensonges de son ennemi. Laquelle des deux races a-t-elle le droit de s’enorgueillir de ces souvenirs?

Mais, Toussaint ne fut point trompé. Il était épié constamment. Supposons qu’il eût repoussé l’entrevue; l’autorité aurait douté de sa bonne foi et en aurait trouvé un prétexte pour l’arrêter. Il raisonna sans doute ainsi: « Si je m’y rends volontairement, je serai traité en conséquence ». Aussi se présenta-t-il. Au moment où il entra au salon, les officiers tirèrent leurs épées, et lui annoncèrent qu’il était prisonnier. Un jeune lieutenant qui assistait à cette scène dit: « Il ne fut nullement surpris, mais parut profondément attristé ». On le conduisit à bord et on leva l’ancre pour la France. Lorsque l’île s’effaçait peu à peu à sa vue, il se tourna vers le capitaine et lui dit: » Vous croyez avoir déraciné l’arbre de la liberté, mais vous n’en détachez qu’une branche. J’ai planté l’arbre si profondément que toute la France serait impuissante à l’arracher ». . Arrivé à Paris, il fut jeté dans une prison, et Napoléon lui envoya son secrétaire, Caffarelli, supposant qu’il avait enterré de grandes richesses. Toussaint, après l’avoir écouté un moment: « Jeune homme, j’ai perdu, il est vrai de grands trésors, mais, ils ne sont pas de ceux que vous cherchez ». Il fut alors envoyé au château de Joux, et logé dans un donjon, de douze pieds de large, sur vingt de long, tout en pierre, n’ayant qu’une étroite fenêtre, très élevée au-dessus du sol, et donnant sur les neiges de la Suisse. En hiver, la voûte se couvrait de glace; en été, l’humidité suintait des murailles fétides. Le fils ardent des tropiques, condamné à mourir, fut enterré vivant dans cette tombe. De ce cachot, il écrivit deux lettres à Napoléon. Il dit, dans l’une d’elles: « Sire, je suis un citoyen français. Je n’ai jamais violé la loi. Par la grâce de Dieu, je vous ai sauvé l’île, la plus belle de votre royaume. J’implore justice de votre magnanimité ».

Napoléon ne répondit jamais à ces lettres. Le commandant de la forteresse avait accordé au prisonnier cinq francs par jour pour la nourriture et le chauffage. Napoléon en eût connaissance et réduisit la somme à trois francs. L’opulent usurpateur qui accusait d’avarice le gouvernement anglais parce qu’il ne lui accordait que six mille dollars par mois, descendit de son trône pour couper un dollar par moitié, et pourtant Toussaint ne mourait pas assez vite.

Cette prison était une tombe. On dit qu’au temps de Joséphine, un jeune marquis y fut enfermé. Sa fiancée alla voir l’impératrice et lui demanda sa grâce. Joséphine lui dit: « Faites faire un modèle de la prison, et apportez-le-moi ». L’impératrice le plaça un jour auprès de Napoléon. « Emportez cela, dit-il, c’est horrible ». Elle le plaça sur son marchepied, et il le repoussa loin de lui. Elle le reporta une troisième fois auprès de lui, et lui dit: « Sire, c’est dans cette prison horrible que vous avez fait enfermer un homme, pour y mourir ». – « Faites-le sortir », dit Napoléon, et la jeune fille sauva ainsi son amant.

Toussaint fut jeté dans cette tombe, mais il ne mourait pas assez tôt. Enfin, le commandant reçut l’ordre d’aller en Suisse, d’emporter les clefs du donjon, et de rester absent quelques jours. Quand il en revint, il trouva un cadavre. Toussaint était mort de faim. Douze ans après, l’assassin impérial était transporté à sa prison de Sainte-Hélène faite aussi pour servir de tombeau, comme avait été faite par lui celle de Toussaint, et là jusqu’aux derniers moments, il passa de longues et mortelles heures à se lamenter misérablement à propos des rideaux, de ses titres, de ses promenades et de sa vaisselle. Plaise à Dieu que lorsqu’un nouveau Plutarque comparera les grands hommes de notre époque, les blancs et les noirs, il n’aille point placer dans un plateau de la balance l’enfant larmoyant de Sainte-Hélène, et dans l’autre, le noir stoïque et silencieux, attendant la mort, comme un romain, dans la glaciale solitude de son cachot.

Dès l’instant où Toussaint fut trahi, les noirs perdirent toute confiance dans les promesses des Français, et coururent aux armes. Tous, excepté Maurepas et les siens, se soulevèrent. Leclerc fit appeler Maurepas, qui se présenta loyalement à la tête de cinq cents noirs. On les fusilla au bord d’un fossé, et l’on y jeta leurs cadavres. Du haut des montagnes où il était campé, Dessalines contemplait ce spectacle. Parmi ses prisonniers, il fit choisir cinq cents officiers français et les fit pendre à différents arbres, à la vue du camp de Leclerc. Et moi, non loin de Bunker, né comme je suis Hill, je ne trouve pas de raison pour penser qu’il eût tort. Les Français assassinèrent la femme de Pierre Toussaint, aux portes mêmes de sa maison, après l’avoir tellement maltraitée, que la mort dût lui paraître une grâce. Son mari, un an auparavant, avait sauvé la vie à douze cents hommes blancs. Affolé, cette fois, il jura de sacrifier sur la tombe de sa compagne, les premiers mille prisonniers qu’il ferait, et il tint parole.

Les français épuisèrent toutes les forces de la torture. On attachait les noirs, dos à dos, et on les poussait à la mer. Si quelqu’un surnageait, par hasard, on le fusillait. On les jetait à l’eau, avec un boulet aux pieds; on les asphyxiait dans la fumée du soufre; en les faisant mourir étranglés, pendus, sous le fouet. Seize officiers de Toussaint furent enchaînés aux rochers dans des îlots déserts; d’autres furent plongés à mi-corps dans des marais infects, et livrés en pâture aux reptiles et aux insectes venimeux. Rochambeau demanda à Cuba des chiens féroces. Lorsqu’ils arrivèrent, les jeunes filles descendirent aux quais les recevoir, leur parurent la tête de fleurs et de rubans et les embrassèrent avec tendresse. Réunies dans un amphithéâtre, les femmes battaient des mains lorsqu’un noir était jeté aux chiens, et dévoré par ces bêtes dont la faim excitait encore la fureur… Mais les noirs bloquèrent si étroitement la ville que ces mêmes jeunes filles, dans leur misère, dévorèrent à leur tour les chiens dont elles avaient tant fêté la bienvenue.

C’est alors que brillent de tout leur éclat, le courage indomptable et la constance sublime qui démontrent l’égalité des races, lorsqu’elles sont sujettes aux mêmes épreuves. La femme romaine, dont le mari hésitait, lorsque Néron lui ordonna de se tuer, saisit le poignard, et, se blessant mortellement, s’écria: « Paetus, il n’est point douloureux de mourir! » Le monde rappelle ce fait avec des larmes d’orgueil. Dans un cas semblable, un colonel noir condamné à mort marchait en tremblant. Sa femme, saisissant une épée, se fit une blessure mortelle et lui dit: « Homme, il est doux de mourir, lorsqu’on a perdu la liberté ».

La guerre continuait. Napoléon envoya encore trente mille hommes; mais ses plus grands efforts n’étaient suivis que de désastres. La vie que l’épée ne tranchait pas, la fièvre la dévorait. Leclerc mourut. Pauline ramena en France le corps de son mari. Napoléon la reçut à Bordeaux et lui dit: « Ma soeur, je vous avais donné une armée et vous ne me rapportez que des cendres ». Rochambeau, – le Rochambeau de notre histoire – posté à la tête de huit mille hommes, fit dire à Dessalines: « Quand je t’attraperai, je ne te ferai pas fusiller comme un soldat, je ne te pendrai pas comme un blanc, mais je te ferai fouetter à mort comme un esclave ». Dessalines le chassa de champ de bataille en champ de bataille, de forteresse en forteresse et finit par l’acculer à Samana. Il préparait des boulets rouges pour détruire l’escadre, lorsqu’il apprit que Rochambeau avait supplié l’amiral de couvrir ses troupes du pavillon britannique, et le nègre, généreux, permit au vantard de s’embarquer paisiblement.

Quelque-uns doutent encore du courage du noir. Allez en Haïti; arrêtez-vous sur la tombe de cinquante mille soldats, les meilleurs que la France ait jamais eu, et demandez-vous ce qu’ils pensent des armes du noir. Et si cela ne vous satisfait pas, allez en France, au splendide mausolée des comtes de Rochambeau, et à la tombe des huit mille vétérans qui regagnèrent leurs foyers, à l’ombre du pavillon anglais, et interrogez-les. Et si cela ne vous satisfait point, rentrez chez nous, et si nous étions en octobre 1839, vous pourriez parcourir la Virginie tremblante et lui demander ce qu’elle pense du courage du noir.

Vous pourriez encore vous rappeler ceci: Nous, Saxons, nous fumes esclaves pendant environ quatre siècles, et nos ancêtres ne feraient jamais un signe du doigt, pour mettre un terme à leur servitude. Ils attendirent que le christianisme et la civilisation, que le commerce et la découverte de l’Amérique vinssent rompre leurs chaînes. En Italie, Spartacus souleva les esclaves de Rome contre la reine du monde. Il fut assassiné, et ses compagnons furent crucifiés. Il n’y a jamais eu qu’une seule révolte d’esclaves couronnée de succès, et elle eût lieu à Saint Domingue. Dieu veuille que la force et l’intelligence de notre gouvernement écartent de notre patrie cette nécessité; qu’il sache conduire à une liberté paisible, les quatre millions d’hommes commis à nos soins et qu’il adopte, à la faveur de nos institutions démocratiques, une politique aussi prévoyante que celle de l’Angleterre, et aussi vaillante que celle du noir d’Haïti.

Le courage du noir est assez prouvé. Parlons de sa constance. En 1803, il dit aux blancs: « Cette île est à nous. Le pied du blanc ne doit pas la fouler ». Côte à côte s’élèvent les républiques sud-américaines, composées du meilleur sang des compatriotes de Cervantès et de Lope de Véga. Elles sont si souvent et si profondément bouleversées qu’il vous serait aussi difficile de reproduire leurs décombres mouvant que de photographier les vagues de l’Océan. Cependant, à côté d’elles, le noir a su conserver son île, sacrée pour lui. On dit que dans les premiers temps, le gouvernement haïtien, inspiré par un patriotisme rare, ordonna de détruire toutes les plantations de sucre qui étaient restées debout et défendit de cultiver la canne. Il pensait que les Français étaient revenus réduire les noirs en esclavage, attirés seulement par ces richesses que donnait le pays.

Brûlez New York, cette nuit, comblez ses canaux, coulez ses navires, détruisez ses rails, effacez tout ce qui brille de l’éducation de ses enfants, plongez-les dans la misère et l’ignorance, ne leur laissez rien, rien que leurs bras pour recommencer ce monde… Que pourront-ils faire en soixante ans? Et encore, êtes-vous surs que l’Europe vous prêtera son argent, tandis qu’elle n’avance pas un dollar à Haïti. Pourtant Haïti, sortant des ruines de la dépendance coloniale est devenu un état civilisé; il est le septième sur le catalogue du commerce avec notre pays, et il n’est inférieur, par l’éducation et la moralité de ses habitants, à aucune de ces îles de l’Océan indien d’Occident. Le commerce étranger prête aussi volontiers confiance à ses tribunaux qu’aux nôtres. Jusqu’ici ce peuple a déjoué aussi bien l’ambition de l’Espagne et la cupidité de l’Angleterre que la politique malicieuse de Calhoum. Toussaint la fit ce qu’elle est. Il fut habilement secondé dans son oeuvre par un groupe d’une vingtaines d’hommes presque tous, noirs pur-sang. Ils furent grands dans la guerre et habiles dans les affaires; mais non, comme lui, remarquables par cette rare combinaison des hautes qualités qui font seules la véritable grandeur et assurent à un homme la première place, parmi tant d’autres qui, au demeurant, sont ses égaux. Toussaint fut, sans dispute, leur chef. Courage, énergie, constance, – voilà ses preuves. Il a fondé un état si solidement que le monde entier n’a pas pu le détruire.

Je l’appellerais Napoléon; mais Napoléon arriva à l’Empire, servi par des serments violés, et à travers une mer de sang. Toussaint ne viola jamais sa parole. « Point de représailles », telle était sa noble devise, et la règle de sa vie. Les dernières paroles adressées à son fils en France furent les suivantes: « Mon enfant, vous reviendrez un jour à Saint Domingue. Oubliez que la France a assassiné votre père ». – Je l’appellerais Cromwell, mais Cromwell ne fut qu’un soldat, et l’état qu’il fonda s’écroula sur sa tombe. Je l’appellerais Washington, mais le grand natif de la Virginie eut des esclaves. Toussaint risqua son pouvoir plutôt que de permettre la traite dans le plus humble des hameaux soumis à sa domination.

Vous me prendrez, sans doute, ce soir, pour un fanatique, parce que vous lisez l’histoire moins avec vos yeux qu’avec vos préjugés; mais dans cinquante ans, lorsque la vérité se fera entendre, la Muse de l’Histoire choisira Phocion pour les Grecs, Brutus pour les Romains, Hampden pour l’Angleterre, Lafayette pour la France; Elle prendra Washington comme la fleur la plus éclatante et la plus pure de notre civilisation naissante, et John Brown comme le fruit parfait de notre maturité; et alors plongeant sa plume dans les rayons du soleil, elle écrira sur le ciel clair et bleu, au-dessus d’eux tous, le nom du soldat, de l’homme d’état, du martyr Toussaint Louverture.

Source : http://afrikhepri.org/discours-de-toussaint-louverture/

Si possible l'Africain doit se doter d'un SAVOIR parallèle à celui de la PENSÉE UNIQUE ET DOMINANTE OCCIDENTALE. Oui le SAVOIR EST une ARME, mais encore faut-il le maitriser et la transmission qui va avec. L'Afrique est-elle prete ?

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Histoire vraie de l'homme noir
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